Virus d’Epstein-Barr, cancer et levure de bière
Le virus d’Epstein-Barr (EBV), comment agit-il sur le système immunitaire ?
Le virus d’Epstein-Barr (EBV) fait partie de ces agents pathogènes que l’on héberge bien souvent sans même s’en rendre compte. Près de 90 % de la population est infectée mais ne présente aucun symptôme sauf, parfois, au moment de l’infection. Si le virus reste silencieux dans nos cellules, il n’est pas pour autant inoffensif : sa présence a été liée, dans certaines conditions, au développement de multiples cancers.
Comprendre le développement de ces cancers ainsi que le silence viral apparent sont donc des priorités pour la recherche.
Chacune de nos cellules dispose d’une machinerie qui lui permet d’exposer à sa surface, comme en vitrine, un échantillon représentatif de son contenu. Cette exposition permet au système immunitaire de savoir si une cellule est saine ou si, au contraire elle est infectée par un virus ou présente des caractéristiques de cellule cancéreuse. Il a été montré que l’EBV agit sur ce mécanisme d’exposition et reste ainsi furtif, vis-à-vis du système immunitaire, dans les cellules infectées.
Virus d’Epstein-Bar : nouvelles recherches !
Deux équipes françaises, dont une est financée par la Fondation ARC, se sont intéressées à cette stratégie de camouflage, qui repose sur l’action d’un fragment de protéine virale, appelé le domaine GAr. Leur but était d’identifier des molécules capables de bloquer l’action du domaine GAr, et ainsi restaurer le dialogue entre cellules infectées et système immunitaire. Les chercheurs ont alors modifié génétiquement la levure Saccharomyces cerevisiae, la levure de bière, de manière à ce qu’elle change de couleur quand une des molécules testées parvient à réactiver le mécanisme d’exposition. Cette levure, cultivée sur boîte de Petri, est alors simplement exposée aux différentes molécules, dont l’effet est ainsi visible à l’œil nu.
Parmi toutes les molécules testées, la doxorubicine a montré un effet intéressant, mais ce médicament, déjà utilisé en cancérologie, présente une toxicité non négligeable. Les essais continuent dans la perspective de trouver une alternative aux chimiothérapies pour les patients atteints de cancers liés à l’EBV.
Une approche préventive pourrait même être envisagée chez des patients immunodéprimés, plus enclins à développer de tels cancers.
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