12 patients reçoivent une greffe de trachée construite à partir d’une artère
Retrouver un souffle normal après un cancer du poumon, ça n'est plus de la science-fiction. Malgré des interventions lourdes, 12 patient.e.s ont pu respirer de nouveau correctement grâce à une greffe innovante. Leurs trachées et leurs bronches ont été reconstruites à partir d'une artère majeure : l'aorte.
Cette première mondiale s'est déroulée dans les locaux de l'hôpital Avicenne (Paris, AP-HP). Depuis 2009, plusieurs équipes de chirurgiens travaillent ensemble pour améliorer la qualité de vie des personnes ayant subi une ablation partielle des voies respiratoires. Ce succès a été publié dans le JAMA et présenté au congrès de l'American Thoracic Society.
Un organe artificiel
Au total, 20 patients ont été recrutés pour tester cette nouvelle approche, la plupart souffrant de cancers. Mais seuls 12 ont bénéficié de l'intervention. Celle-ci se déroule en deux étapes.
"Dans un premier temps, nous enlevons la partie malade, explique le Pr Emmanuel Martinod, principal auteur, dans une vidéo réalisée par l'AP-HP. Dans le deuxième temps, nous remplaçons cette partie par une greffe d'aorte, qui provient d'une banque de tissus."
Concrètement, les voies respiratoires amputées sont "remplacées" par une structure similaire mais fabriquée à partir de tissu aortique. Celui-ci provient d'autres personnes, mais aucun traitement immunosuppresseur n'est nécessaire. "L'intérêt majeur, c'est que ce tissu n'induit que très peu de réactions immunologiques", souligne le Pr Martinod.
Enfin, un stent est implanté au niveau des voies respiratoires pour les maintenir ouvertes. Il reste en place le temps que le cartilage se reconstruise et puisse assurer cette fonction.
Une qualité de vie retrouvée
La greffe ne s'est pas arrêtée à la trachée, transplantée à cinq personnes. La partie de la trachée qui se divise en deux pour mener aux bronches (la carène trachéale) a aussi été reconstruite pour un patient; des bronches ont aussi été produites pour sept volontaires.
Après plusieurs années de suivi, le bilan est plutôt positif. Seule une personne est décédée après l'opération. Pour les autres, les voies respiratoires se sont bien adaptées à la greffe. Les tissus implantés ont désormais une structure et un fonctionnement très proches de la normale. Les stents ont pu être retirés.
Ces "cobayes" souffraient, pour la plupart, de lésions provoquées par un cancer. Jusqu'ici, aucun traitement autre que l'ablation n'était disponible. Cette étude a même permis d'améliorer le pronostic pour un de ces patients, qui aurait dû subir une ablation d'un poumon.
Vidéo : Le cancer du poumon en vidéo
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Implantation d'un organe respiratoire artificiel auprès de 12 malades à l'hôpital Avicenne AP-HP, YouTube, 20 mai 2018