Avancée dans la génétique de l'autisme
La génétique de l'autisme préoccupe depuis longtemps les chercheurs. Ce syndrome neuropsychiatrique de l'enfance, se caractérise par un trouble global et précoce du développement et en particulier dans tout ce qui touche la sphère relationnelle et sociale. Il résulte d'anomalies cérébrales survenant durant les premiers stades du développement et on leur reconnaît, pour une large part, une base génétique. Ainsi, si près d'un enfant sur 1.000 est touché, ce sont quatre fois plus souvent des garçons que des filles. Par ailleurs, le risque de récurrence dans les familles d'autistes est 45 fois plus élevé que dans la population générale. Les études chez les vrais jumeaux montrent que lorsqu'un enfant est atteint, l'autre a une probabilité de 60% de l'être également. Cette part génétique est depuis longtemps explorée. De nombreuses régions du génome ont déjà été suspectées et des gènes incriminés, mais aucun n'a pu jusqu'à présent être associé de façon indiscutable à l'autisme.
Aujourd'hui, des mutations altérant deux gènes situés sur le chromosome X ont été identifiés dans deux familles distinctes présentant des membres autistiques. Cette découverte est le fruit d'une collaboration franco-suédoise*. Ces gènes appelés NLGN3 et NLGN4 codent pour des protéines d'adhésion cellulaire, localisées au niveau des synapses (régions indispensables à la communication entre nos neurones). Ainsi, leur altération pourrait affecter certaines synapses essentielles au processus de communication, d'où un déficit dans ce domaine chez les patients présentant des troubles autistiques. En d'autres termes, un défaut dans la formation des synapses prédisposerait à l'autisme.
Cependant attention, la découverte de ces deux mutations génétiques ne signifie que nous ayons découvert la cause de l'autisme. En effet, il est fort probable que plusieurs gènes soient impliqués dans ce trouble complexe et hétérogène. De plus, les gènes responsables varient très certainement d'une famille à une autre.
* Thomas Bourgeron, Institut Pasteur (INSERM U21, génomique fonctionnelle et développement, Université Paris-VII) ; Marion Leboyer (INSERM U513, neurobiologie et psychiatrie, Université Paris-XII, CHU Créteil) ; Christopher Gillberg (CHU de Göteborg, Suède) ; en collaboration avec l'hôpital Robert-Debré (AP-HP).
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