Cancer du col de l'utérus : le point sur la vaccination contre le papillomavirus
Quel est l'intérêt de la vaccination contre le cancer du col de l'utérus ?
Cette vaccination, lorsqu'elle est réalisée dans les conditions idéales (avant toute exposition aux virus contenus dans le vaccin), permet d'obtenir une protection vis-à-vis des lésions pré-cancéreuses qui est estimée à 60% et vis-à-vis du cancer du col de l'utérus, à environ 70%. Étant entendu qu'en France, nous réalisons chaque année 6 millions de frottis, nous détectons et traitons environ 30.000 lésions précancéreuses et 3.500 cancers du col qui aboutissent à 1.000 décès. Évidemment, le nombre de cancers est dix fois moindre par rapport aux pré-cancers grâce au dépistage précoce par frottis qui est très efficace et répandu. Pourtant, la maladie n'a pas encore été éradiquée alors qu'elle est réputée totalement évitable. Il y a donc du sens à introduire une prévention par vaccination, en complément de celle du dépistage par frottis, afin d'optimiser la prévention et l'éradication de la maladie.
Quelles sont les preuves d'innocuité de ce vaccin et dispose-t-on d'un recul suffisant ?
Nous disposons actuellement d'un large recul, avec 5 millions de jeunes filles vaccinées en France depuis 2007.
Il faut savoir que l'administration d'un vaccin expose à deux types d'effets indésirables. Les premiers sont liés au vaccin lui-même, qui sont, en l'occurrence pour les deux vaccins contre le cancer du col de l'utérus : un petit état fébrile dans les jours qui suivent la vaccination et une petite réaction locale de rougeur et/ou de douleur au niveau du site d'injection. Ces manifestations sont courantes, elles se rencontrent traditionnellement avec toutes les vaccinations, et même avec les vaccins placebo.
Il existe un autre type d'effets qu'on appelle « les manifestations concomitantes ou incidentes ». Ce sont des manifestations allergiques, auto-immunes ou neurologiques que l'on observe dans les populations vaccinées. Elles sont dites concomitantes car à ce jour, il n'a jamais été démontré qu'elles étaient liées à la vaccination elle-même. Et plus le programme vaccinal est large (c'est-à-dire plus le nombre de personnes vaccinées est élevé comme c'était le cas par exemple contre l'hépatite B, dont le vaccin a été accusé d'être à l'origine de cas de sclérose en plaques), plus ces manifestations dites concomitantes vont être exacerbées et visibles. Pour donner un ordre d'idées, entre 20 et 30 ans, la proportion de cas de scléroses en plaques observée dans la population générale est de l'ordre de 3 pour 100.000, tandis que le nombre de décès inexpliqués que l'on observe chez les adolescentes entre 15 et 25 ans est de 1 pour 100.000. Lorsque ces manifestations apparaissent dans la population générale, on ne les relève pas parce qu'elles sont noyées dans la masse. En revanche, lorsqu'elles se produisent dans une population vaccinée, et en particulier lors d'un vaste programme de vaccination, elles vont forcément apparaître. On va alors avoir la perception et la tendance de les rapporter à la vaccination, alors qu'en réalité ce sont des manifestations que l'on observe couramment dans la population générale. Donc à ce jour, avec tous les programmes vaccinaux disponibles, il n'y a pas de démonstration que la vaccination, et en particulier la vaccination anti-papillomavirus, augmente le risque de ces manifestations par rapport à la population générale. C'est pour cela qu'on les appelle « manifestations concomitantes ou incidentes », car elles ne sont pas en réalité liées à la vaccination.
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