Cancer colorectal : pourquoi il ne faut pas bouder le dépistage
Seuls 30% des Français procèdent au dépistage pour le 2ème cancer le plus mortel
42 000 nouveaux cas de cancer colorectal chaque année... 17 500 victimes soit 330 personnes chaque semaine en France… des chiffres qui devraient nous faire réagir (1). Et pourtant, même si le cancer du côlon est, avec celui du poumon, l’un des cancers les plus mortels, moins d’un Français sur trois se fait dépister ! Le cancer du côlon les inquiète peu (46% ne se déclarent pas inquiets). Résultat : lorsqu’il existe des symptômes, 50% des cancers diagnostiqués sont métastatiques, c’est à dire qu’ils ont déjà essaimé dans le reste du corps. Or, à ce stade du diagnostic, le risque d’en mourir est de 80 %. En revanche, lorsque le cancer colorectal est pris tôt (avant l’apparition de symptômes, grâce au dépistage) la guérison avoisine les 90% voire 100% (au stade dit "T 1 superficiel" sans métastase ni ganglion).
Dr Éric Vaillant, gastro-entérologue à Lille, président du comité de pilotage de "Côlon day" : « Si seuls 30% des Français se font dépister pour le cancer du côlon, c’est avant tout par méconnaissance : pour près d’une personne sur deux « pas de symptôme = pas de cancer ». Seuls 53 % sont conscients que les symptômes du cancer colorectal (du sang dans les selles ou des maux de ventre) n’apparaissent qu’à un stade avancé. La majorité des Français (54%) ne se perçoit pas non plus comme à risque. Quant au caractère tabou de la localisation, c’est un frein tenace. Enfin, les médecins recommandent encore trop peu le dépistage du cancer colorectal ».
Personnes à risque moyen de cancer colorectal : un nouveau test immunologique
Dans le cancer du côlon, le risque "faible", c’est avant 50 ans. Après cet âge, on est soit à risque "moyen" soit à risque "élevé". Le cancer colorectal se forme sur plusieurs années à partir de polypes "poussant" sur la paroi tapissant l’intérieur du côlon et du rectum. C’est simple : enlever un polype bénin permet d'éviter un cancer du côlon. Rare avant 50 ans, sa fréquence augmente rapidement par la suite. C’est pourquoi le dépistage est préconisé tous les 2 ans dès l’âge de 50 ans pour les personnes à risque moyen, c’est-à-dire sans symptôme apparent ni antécédent personnel ou familial de cancer ou d’adénome colique (polype > 1 cm). Leur risque de cancer colorectal est de 4% au cours de leur vie. Tous les deux ans, elles reçoivent à leur domicile une invitation au dépistage pris en charge à 100 % par l'assurance maladie.
Depuis 2015, un nouveau test dit immunologique a remplacé l’ancien test Hemoccult®. Il vise à déceler la présence de saignement occulte dans les selles. Ce nouveau test, simple, rapide et efficace est à faire chez soi. Il consiste à prélever un échantillon de selles et à l'envoyer dans les cinq jours au laboratoire de biologie médicale indiqué pour des résultats dans les quinze jours.
Il est bien plus performant que son prédécesseur, avec une sensibilité de 70 à 80%, contre 50% pour l’ancien test Hemoccult®. Cela signifie qu’en cas de test immunologique positif, la présence d’un cancer est sûre à 70-80%. Un test positif (environ 4 % des cas) ne dénote pas forcément la présence d’un cancer mais la coloscopie s’impose pour le confirmer ou l’infirmer. En revanche, lorsque le résultat est négatif (environ 96 % des cas dans la pratique courante), cela signifie qu'aucun saignement n’a été détecté dans les selles.
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D’après un entretien avec le Dr Éric Vaillant, gastro-entérologue à Lille, président du comité de pilotage de « Côlonday »