Cancer du sein : on sait pourquoi certains récidivent
Chaque année en France, près de 60 000 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués. Il s’agit de la première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Pour traiter un cancer du sein, plusieurs thérapies peuvent être proposées aux patientes : chimiothérapie, chirurgie, immunothérapie… Malgré les avancées toujours plus prometteuses de la communauté scientifique, il n’est pas toujours facile de soigner un cancer du sein. Pour les patientes atteintes d’un cancer du sein à un stade précoce, il y a un risque de 7 à 11 % de rechute dans les cinq ans suivant le traitement initial. Ce taux peut être encore plus élevé pour les patientes présentant un stade plus avancé du cancer, ce qui justifie l’importance de se faire dépister en cas de suspicion de tumeur.
Certaines tumeurs sont résistantes à la chimiothérapie
La chimiothérapie est l’un des traitements de référence du cancer du sein. Elle est généralement proposée aux patientes présentant un taux de récidive élevé. Le choix de son administration repose sur plusieurs critères comme le stade du cancer ou encore l’âge de la patiente. Malheureusement, ce traitement n’est pas infaillible. Certaines tumeurs y résistent. Des chercheurs de la Nationale University of Singapour ont souhaité comprendre le mécanisme de résistance de ces tumeurs, leurs conclusions ont été publiées récemment dans la revue Molecular Cancer.
Des cellules se sacrifient pour faire survivre les tumeurs
Pour parvenir à leurs résultats, les chercheurs ont étudié, pendant plus 10 ans, les échantillons de tumeurs et de sang de 63 patientes atteintes d'un cancer du sein à différents stades, ainsi que des cellules cancéreuses du sein cultivées en laboratoire et des modèles de laboratoire. L’équipe a fait une découverte surprenante : les cellules cancéreuses ayant une forte expression d'une certaine molécule coopèrent avec les cellules cancéreuses environnantes pour permettre à ces dernières de croître et de résister à la chimiothérapie.
« Contrairement à la croyance largement répandue selon laquelle les cellules cancéreuses sont uniquement égoïstes et motivées par leur propre survie, cette étude révolutionnaire confirme qu'elles affichent un comportement altruiste pour aider d'autres cellules cancéreuses à prospérer en sacrifiant leurs propres capacités à se multiplier », ont déclaré les chercheurs dans un communiqué. « Cette découverte révèle que la perturbation d'une telle coopération pourrait être essentielle pour développer des traitements plus efficaces contre le cancer du sein. »
Un espoir dans la lutte contre les cancers du sein récidivants
Grâce à cette découverte, les chercheurs permettent d’ouvrir la voie à des traitements ciblant le travail collaboratif entre les cellules cancéreuses afin de pouvoir le perturber, comme l’a expliqué le professeur adjoint de recherche Leong Sai Mun : « Notre recherche a identifié ces comportements de coopération entre les cellules cancéreuses, que le traitement doit cibler spécifiquement, pour qu'elles soient détruites plus efficacement. Par exemple, les méthodes de traitement doivent intégrer des mécanismes qui empêchent les cellules cancéreuses environnantes de répondre et de bénéficier des cellules « auto-sacrifiantes. »
Néanmoins, pour que ces traitements soient efficaces, il faudra tenir compte de la résistance des cellules tumorales. « L'élimination de ces cellules cancéreuses altruistes peut être une stratégie de traitement potentielle. Cependant, nous devrons peut-être tenir compte de la persistance de ces cellules. Nous avons constaté que malgré l'auto-sacrifice, les cellules cancéreuses altruistes peuvent se régénérer à partir des cellules non altruistes et rester dans la population tumorale à une fréquence faible mais constante », a déclaré le Dr Muhammad Sufyan Bin Masroni, premier auteur de l'étude et chercheur du département de pathologie de NUS Medicine.
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.
Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.
https://medicine.nus.edu.sg/news/breast-cancer-cells-self-sacrificial-behaviour-uncovered-as-potential-cause-of-relapse/