- 1 - J'ai décidé de me faire enlever le deuxième sein
- 2 - À ce moment-là, j’ai plus pensé à ma survie qu’à l’esthétique
- 3 - 17 ans après, j'ai préféré penser qu'il s'agissait d'un problème de prothèse
- 4 - J'étais plus âgée, je n'avais pas les mêmes angoisses vitales
- 5 - Neuf ans se sont écoulés depuis mon second cancer
- 6 - Si on n'a pas l'envie de vivre, on ne gagne jamais
E-santé : Après ce premier cancer, quel a été votre suivi médical ?
Nadine : Pendant 12 ans, j’ai bénéficié d’un suivi tous les six mois à l’hôpital Paul Brousse à Villejuif avec le professeur Jasmin. Echographie mammaire, échographie pelvienne, scanner mais aussi scintigraphie osseuse pour déceler d’éventuelles métastases aux os. Car le plus grand danger dans le cancer du sein n’est pas le cancer en lui-même mais ses métastases, qui se logent le plus souvent au niveau des os, du foie, du poumon ou du cerveau.
J’ai obtenu une prise en charge à 100% pendant cinq ans qui a été renouvelée pendant cinq autres années. Le médecin conseil de la sécurité sociale chargé des renouvellements des affections longues durées m’avait alors dit : "c’est la dernière fois que je vous renouvelle car dans cinq ans soit vous serez guérie, soit vous ne serez plus là". J’ai été déclarée en rémission au bout de cinq ans, mais on ne parle pas de guérison pour les cancers. Il faut toujours être vigilant, même si on a l’impression de s’être débarrassé de toutes les causes du cancer. Puis je suis passée à un rythme d’une échographie mammaire par an "seulement". Je réalisais en parallèle et régulièrement des échographies abdominales et pelviennes, mais plus de mammographies car les prothèses mammaires les rendent illisibles.
17 ans après, j'ai préféré penser qu'il s'agissait d'un problème de prothèse
E-santé : La surveillance s’est donc poursuivie, jusqu’à la détection d’un nouveau cancer, 17 ans plus tard. Racontez-nous cette seconde épreuve.
Nadine : Effectivement, en mai 2009, soit 17 ans après mon premier cancer, j’ai ressenti une douleur sur le côté du sein. J’ai passé la main et j’ai alors senti une petite boule, comme un caillou. J’avais passé une échographie mammaire six mois auparavant et tout allait bien : je n’ai donc pas voulu penser à une récidive. Au contraire, j’ai préféré penser qu’il s’agissait d’un problème de prothèse. J’ai consulté mon gynécologue qui m’a prescrit une échographie mammaire et malheureusement, une tâche indiquait clairement qu’il y avait un problème qui n’avait rien à voir avec la prothèse. Une biopsie a confirmé ce que l’on redoutait : la présence de cellules cancéreuses.
Le sein touché par ce second cancer était le même que 17 ans auparavant mais le type de cancer, lui, différait. Le premier cancer était un adénocarcinome canalaire infiltrant de grade 2 alors que le second était un adénocarcinome lobulaire infiltrant de grade 1. Les médecins ne se sont jamais prononcés pour dire s’il s’agissait d’une récidive ou d’un deuxième cancer, je pense que c’est impossible à savoir.
J'étais plus âgée, je n'avais pas les mêmes angoisses vitales
E-santé : Comment avez-vous réagi à l’annonce de ce deuxième cancer ?
Nadine : Cela ne m’a pas enchanté, c’est le moins que l’on puisse dire ! Mais je me suis dit que je m’en étais bien sortie au premier et qu’il n’y avait donc pas de raison que je ne m’en sorte pas au deuxième. Et puis j’étais plus âgée, mes filles étaient plus grandes, je n’avais pas les mêmes angoisses vitales. J’étais tout de même décontenancée car j’avais fait le choix difficile de me faire enlever les deux seins et je me suis rendue compte qu’il suffisait qu’une seule cellule mammaire persiste pour que le cancer se développe. Mais si je n’avais pas fait de double mastectomie, le deuxième cancer se serait peut-être développé plus tôt ou de façon plus agressive.
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Le cancer du sein : points clés. Institut national du cancer, octobre 2013