- 1 - J'ai décidé de me faire enlever le deuxième sein
- 2 - À ce moment-là, j’ai plus pensé à ma survie qu’à l’esthétique
- 3 - 17 ans après, j'ai préféré penser qu'il s'agissait d'un problème de prothèse
- 4 - J'étais plus âgée, je n'avais pas les mêmes angoisses vitales
- 5 - Neuf ans se sont écoulés depuis mon second cancer
- 6 - Si on n'a pas l'envie de vivre, on ne gagne jamais
E-santé : Quels traitements avez-vous alors reçus ?
Nadine : J’ai tout d’abord reçu une opération chirurgicale avec préservation de la prothèse mammaire. Le chirurgien a retiré les cellules cancéreuses puis a rattaché la prothèse à l’aide de clips. J’ai ensuite subi des séances de radiothérapie pour éviter une récidive et une hormonothérapie à base d’Arimidex® qui devait durer cinq ans.
J’ai bien supporté ce traitement au début, même s’il me donnait de grosses bouffées de chaleur et une intense fatigue. Puis au bout de quatre ans de traitement, un matin, je n’ai pas pu me lever tellement je souffrais. Des douleurs osseuses vives à en pleurer affectaient tout mon corps, à un tel point que j’ai immédiatement téléphoné à la clinique qui me suivait car j’avais peur d’avoir un cancer des os. Ils m’ont dit d’arrêter l’hormonothérapie pendant trois semaines et de voir si les douleurs disparaissaient. J’ai donc stoppé le traitement, et mon état s’est amélioré de jour en jour.
Le cancérologue n’a pas voulu que je stoppe totalement l’hormonothérapie et m’a mise sous Tamoxifène®. J’ai alors eu des maux de ventre à hurler, semblables aux contractions qui précèdent un accouchement. L’échographie pelvienne ne les expliquait pas. J’ai donc tout arrêté et le gynécologue m’a fait à nouveau passer une échographie. Le problème était que l’endomètre était très épais et empêchait donc de voir ce qu’il se passait dans l’utérus. C'est pourquoi j'ai passé une hystérographie qui a permis de déceler la présence d’énormes fibromes. Ces structures expliquaient les grosses douleurs et, associées à la prise de Tamoxifène®, elles représentaient un risque d’hémorragie. Les fibromes ont été retirés et j’ai décidé d’arrêter le traitement, même si les nouvelles recommandations internationales venaient de passer de cinq à 10 ans d’hormonothérapie.
Neuf ans se sont écoulés depuis mon second cancer
E-santé : Aujourd’hui, pensez-vous encore régulièrement au risque de récidive ?
Nadine : La crainte de la récidive est surtout présente les cinq premières années : 25% des femmes qui récidivent ont une deuxième récidive dans les cinq ans. Neuf ans se sont désormais écoulés depuis mon deuxième cancer. Je suis suivie tous les ans par mon gynécologue notamment en effectuant des échographies mammaires et pelviennes. Mais je ne pense pas au risque de récidive. J’ai fêté mes 60 ans il y a quelques années avec un grand bonheur, en me disant que j’avais beaucoup de chance d’être arrivée jusque-là en relativement bonne santé. Je pense que mes cancers m’ont apporté de la sérénité et m’ont aidée à me rendre compte des petits bonheurs du quotidien. Mais je suis bien consciente que toutes les femmes qui ont un cancer du sein n’ont pas ma chance, il ne se passe quasiment pas un an sans que quelqu’un autour de moi ne décède de ce cancer.
Côté hygiène de vie, j’ai consulté un psychologue qui m’a aidé à accepter la situation, je pratique de la gymnastique avec une kinésithérapeute Mézières, ce qui me permet de travailler ma respiration et mon lâcher-prise. Je me surveille, je fais attention à moi et à mes apports vitaminiques, je ne mange plus que des aliments bio et je suis devenue quasiment végétarienne.
Si on n'a pas l'envie de vivre, on ne gagne jamais
E-santé : Après deux cancers du sein, quels conseils donneriez-vous à une femme qui apprend qu’elle souffre de cette maladie ?
Nadine : Mon premier conseil est avant tout de garder espoir. C’est peut-être un peu facile car je suis du "bon côté", mes cancers n’ont pas été trop violents. Mais je pense qu’il est primordial de toujours garder à l’esprit les bons côtés de la vie et l’envie de vivre. On ne gagne pas toujours si on a cette envie mais si on ne l’a pas, on ne gagne jamais.
Et puis, en prévention, il faut bien évidemment penser à la palpation pour se surveiller régulièrement et dès qu’il y a un doute, consulter sans hésiter.
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Le cancer du sein : points clés. Institut national du cancer, octobre 2013