Cancer de la prostate : un deuxième avis est vraiment sage
Bien sûr le mot cancer fait peur. Pourtant, nous fabriquons tous les jours des cellules cancéreuses et tous les jours nous en éliminons. Et puis, à partir de 50 ans, nous commençons souvent à en conserver. Un homme sur deux est ainsi porteur de cellules cancéreuses au niveau de sa prostate. Heureusement, la plupart de ces cellules cancéreuses ne deviendront pas de vrais cancers - avec des symptômes - parce qu’elles n’en auront pas le temps.
Surveillance d’un cancer de la prostate : savoir attendre
« Il faut laisser le temps au temps », disait François Mitterrand qui a vécu très longtemps avec son cancer de la prostate. Car aujourd’hui, on peut surveiller un cancer de la prostate, le ralentir, et s’il le faut, intervenir en dernier recours. Autrement dit, il est possible de définir une véritable stratégie avec l’équipe médicale qui nous suit. Schématiquement, deux cas de figure se présentent aujourd’hui :
- Suivre rapidement un traitement destructeur pour la tumeur (chirurgie, radiothérapie, curiethérapie) car le cancer diagnostiqué est de nature très agressive.
- Rentrer dans un protocole de surveillance active dans lequel un point très régulier sera mis en place, car la tumeur diagnostiquée est de nature lente. Ce protocole permettra de décider au fur et à mesure des actions à mettre en place.
Une pratique très variable d’un chirurgien à l’autre
Il est très important de comprendre cela dès 50 ans, âge à partir duquel on pourra vous proposer de faire un dépistage annuel du cancer de la prostate. Si vous êtes partant, votre médecin vous fera chaque année un toucher rectal pour palper directement votre prostate et il vous prescrira le dosage sanguin des PSA ou antigènes spécifiques de la prostate.
Et si un jour on vous diagnostique de cette façon un cancer de la prostate, les choses pourront s’accélérer d’un seul coup en passant du diagnostic, à la biopsie, puis au bistouri ou aux rayons. Les statistiques montrent en effet une tendance des spécialistes à intervenir de plus en plus. Aux États-Unis par exemple, le nombre de cas ayant subi des traitements lourds est passé de 61% à 67% entre 1998 et 2007 (source Medicare). Pourtant, les risques de ces traitements sont maintenant bien connus, au premier rang desquels se trouve l’impuissance.
C’est au moment du diagnostic qu’il faudra prendre un peu de temps. Il faudra ne pas paniquer à l’écoute du mot cancer et il faudra envisager de prendre un deuxième avis. Et s’il y a une différence d’opinion entre les deux praticiens, s’orienter vers une surveillance active pourra être très profitable.
Bien entendu, si vous n’avez plus de vie sexuelle, vous pourrez vous dire avec raison qu’une bonne opération réglerait le problème. Mais si comme de plus en plus d’hommes de nos jours, la sexualité tient encore une place importante dans votre vie, alors cela vaut le coup de peser le pour et le contre.
Et puis n’oublions pas la prévention qui est si efficace contre le cancer de la prostate. On peut diminuer son risque de moitié en mangeant beaucoup de fruits et légumes, en ayant beaucoup d’activité physique, et en gardant un poids normal (ou encore dit « de forme »). Sans oublier d’arrêter de fumer, car outre que le tabac augmente tous les cancers, il reste malgré tout la première cause d’impuissance !
(Source : Le Figaro du 12 février 2012.)
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