Coronavirus : pourquoi le confinement perturbe nos nuits ?
Réveils en sursaut, yeux mouillés, rythme cardiaque accéléré, réminiscences d’images terrifiantes…voilà qu’un nouveau cauchemar a troublé votre nuit de confinement. Vous n’êtes pas seul ! De nombreux internautes confient avoirs des rêves très perturbants depuis le début de l’épidémie de COVID-19.
Le stress favorise l’émergence des peurs archaïques
Bien que nous ne nous souvenons pas tous de nos rêves… ils sont bien là toutes les nuits, en grande partie regroupés pendant le sommeil paradoxal. Plusieurs théories s’affrontent pour expliquer leur rôle : expression inconsciente des désirs refoulée pour la psychanalyse, mécanisme de mémorisation des événements ou encore d’apprentissages.
Une chose est sûre en tout cas : ces petits scénarios nocturnes plus ou moins ordonnés façonnés par notre esprit, se nourrissent de notre quotidien - et pandémie de coronavirus oblige - nous baignons dans une ambiance anxiogène "Le stress lié à la situation de confinement favorise l’émergence de peurs archaïques", explique le Docteur Pierre Nantas, psychothérapeute. C’est-à-dire des angoisses, des traumatismes ou ressentis refoulés provenant de notre enfance. Ces peurs archaïques sont “réactivées” par le danger extérieur lié au coronavirus ou notre isolement forcé. Elles s’expriment alors à travers les cauchemars.
Les individus à tendance dépressive ou ayant vécu un traumatisme ont plus de risque d’avoir des nuits agitées lorsqu’ils vivent des situations stressantes. Le praticien ajoute “Les personnes qui vivent seules ont souvent plus de cauchemars que celles en couple. Ils tournent souvent autour de l’abandon, la mort. Être seul pendant le confine ne va rien arranger, loin de là. Ces peurs archaïques peuvent se nourrir des craintes liées à l’épidémie : l’isolement, la maladie”, explique le psychiatre.
Faut-il s’inquiéter de faire autant des songes étranges ? “Non, les cauchemars sont une forme de rêves qui n’ont aucun effet sur la santé. Il s’agit juste d’un moyen utilisé par l’inconscient pour éliminer les effets du stress”, rassure le psychothérapeute. Toutefois, il conseille "il faut s’efforcer à ne pas s’exposer à des images stressantes ou effrayantes avant d’aller dormir. Oubliez les informations qui font le décompte des décès à travers le monde, regardez un bon film ou lisez un livre, surtout si vous avez un fond anxieux", conclut-il.
Attention à son mode de vie
Mais la situation anxiogène n’est pas la seule raison de la résurgence des cauchemars. Notre routine a été totalement perturbée par le confinement. Que l’on soit en télétravail ou en chômage partiel, nos heures de lever sont souvent plus tardives, nous offrant des minutes de sommeil supplémentaires “dormir plus longtemps permet de se souvenir des rêves qu’on n’aurait pas eu le temps de faire normalement. En effet, pendant nos longues nuits, la phase paradoxale s’allonge, or c'est durant cette période que les cauchemars ont tendance à surgir”. Une étude scientifique britannique menée par l’université d’Oxford en 2017 assure qu’avoir des nuits de neuf heures favorise les cauchemars.
Par ailleurs, certains de vos gestes quotidiens peuvent favoriser l’apparition des rêves perturbants. Le docteur Pierre Nantas explique “Le recours à des médicaments, ou au cannabis sont également susceptibles de favoriser l’apparition de ces cauchemars”.
En effet, plusieurs traitements agissent sur la qualité du sommeil et favorisent l’apparition de mauvais rêves. On peut citer par exemple le Singulair® pour traiter l’asthme ou encore des médicaments anti-VIH. Par ailleurs, il faut aussi se méfier de certains anxiolytiques et somnifères. En effet, s’ils favorisent l’endormissement, ils perturbent également la phase de sommeil paradoxal.
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.
Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.