Enfant maladroit : et si c'était la dyspraxie ?
- 1 - Qu'est-ce que la dyspraxie ?
- 2 - Un enfant dyspraxique est maladroit, et alors, ce n'est pas si gênant ?
- 3 - Pourquoi faut-il dépister les dyspraxies ?
- 4 - L'enfant dyspraxique jusqu'à 10 ans environ
- 5 - Après 10 ans, on s'engage sur des stratégies de contournement
- 6 - Le cap de l'orientation professionnelle d'un enfant dyspraxique
Qu'est-ce que la dyspraxie ?
Ses parents ont l'impression qu'il ne fait aucun effort pour bien se comporter. Pourtant, Benjamin n'est pas, en réalité, un enfant qui n'écoute pas et qui se fiche de ce que pensent les autres. Benjamin est dyspraxique.
Dsyspraxie : qu'est-ce que cela signifie vraiment ?
Hervé Glasel*, neuropsychologue et spécialiste du développement de l'enfant et de l'adolescent, nous explique clairement ce qui est un peu compliqué !
La dyspraxie est un trouble du développement, une difficulté à acquérir un comportement qui est normalement présent chez les personnes du même âge. Ce comportement difficile à acquérir, c'est celui des gestes, et particulièrement de la motricité fine.
Benjamin n'a pas eu de mal à apprendre à marcher, ni plus tard, à nager. Car c'est au niveau des gestes plus fins qu'il est en difficulté. Pourquoi ? C'est que s'il comprend très bien ce qu'il faudrait faire, son esprit n'arrive pas à commander son corps de manière bien coordonnée. En effet, quand vous réalisez un geste, il s'agit d'une suite de mouvements programmés. Vous devez commencer par apprendre ce geste puis l'intégrer dans votre répertoire mental de manière quasi-automatique. À ce moment-là, vous n'avez plus besoin de penser à ce mouvement, puisqu'un pilote automatique interne le fait à votre place.
Prenons un exemple :
Se servir de baguettes chinoises, ce n'est pas facile au début. Cela s'apprend. Si vous les utilisez souvent, vous finissez par connaître ce geste et vous pouvez manger tranquillement, sans penser à tous les mouvements que vous êtes en train de coordonner.
Le problème de l'enfant dyspraxique, c'est que, même s'il comprend, même s'il est capable de le faire, il ne parvient pas à rendre cet apprentissage automatique. Son cerveau a un problème à intégrer cela. Pour avoir des gestes fluides, il faudrait qu'il soit sans cesse dans le contrôle, qu'il y pense en continu, ce qui est impossible. Aussi pour s'habiller, il faudrait qu'il pense : " Je commence par mettre mes vêtements à l'endroit, dans le bon sens, puis j'enfile ma tête dans l'ouverture du pull, puis je mets une main dans la première manche... " Il se trouve chaque matin comme si c'était la première fois qu'il devait faire ce mouvement, quand les autres s'habillent sans y penser en passant déjà en revue dans leur tête le programme de la journée.
Du coup, cet enfant est ralenti dans beaucoup de domaines, même si son intelligence est tout à fait normale. Il n'aime pas les jeux de construction comme le Lego, le Meccano, car il est totalement malhabile en ce domaine. Empiler les cubes, ce n'est pas sa tasse de thé.
Un enfant dyspraxique est maladroit, et alors, ce n'est pas si gênant ?
Et bien si, c'est très gênant car le geste qui va finir par poser un problème crucial, c'est celui de l'écriture.
En maternelle, les dessins de Benjamin étaient déjà très brouillons par rapport à ceux des enfants de sa classe. Mais son écriture est une catastrophe. Il n'arrive pas à rendre automatique le geste qui permet d'écrire. Cet aspect de la dyspraxie s'appelle une dysgraphie.
Benjamin aura aussi des difficultés en géométrie, car, s'il comprend très bien les concepts, il a du mal à tenir une règle, un compas, un crayon et à inscrire ce qu'il comprend dans l'espace.
Le résultat, c'est que Benjamin, brillant à l'oral, avec une importante capacité d'abstraction, est un mauvais élève parce qu'il ne parvient pas à s'exprimer par écrit à cause de cette barrière dans l'expression corporelle.
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