Erick Vauthier, pompier de Paris : un témoignage bouleversant
- 1 - e-sante : Quels sont les éléments qui vous ont poussé à réaliser ce reportage ?
- 2 - e-sante : Selon vous, quelles ont été les plus grandes victoires d'Erick Vauthier ?
- 3 - e-sante : Quelles ont été vos relations avec le personnel soignant ?
- 4 - e-sante : Erick Vauthier, comment avez-vous accueilli le projet photographique de Bernard Le Bars ?
- 5 - A découvrir
e-sante : Quels sont les éléments qui vous ont poussé à réaliser ce reportage ?
Bernard Le Bars : Plusieurs choses. Le fait d'être moi-même pompier y était pour beaucoup. En effet, je connaissais bien cette profession et j'avais commencé à manier l'appareil photo. Je pensais ainsi pouvoir transmettre quelque chose. Le métier de pompier est finalement assez méconnu. L'idée que l'on a généralement du pompier est celle d'un guerrier, d'un soldat du feu. Mais cette image ne correspond pas à la réalité, il existe un décalage. Les pompiers, ceux que je connais dans les grandes villes, sont davantage devenus des travailleurs sociaux : ils sont en première ligne sur le front de la précarité et de la misère. J'avais commencé le travail photographique pour témoigner sur mon métier, pour montrer la vie à la caserne. Ce sont des gens comme les autres, qui connaissent des moments sympas, des moments de doute et de fatigue. Et puis, j'ai frôlé un accident. A la caserne, où j'étais l'adjoint au chef de centre, en 1986, il y a eu une explosion et onze camarades ont été grièvement brûlés. Sur un effectif d'une cinquantaine, c'est beaucoup. Etant en rééducation à la suite d'une opération du genou, je n'étais pas là. J'ai ainsi été amené à réfléchir sur mon métier, sur les risques et les dangers encourus chaque jour. Quand Erick Vauthier a eu son accident, j'ai pensé qu'il fallait aller à sa rencontre, le suivre et témoigner à l'aide de photos. En quelque sorte, fixer cette histoire, celle du parcours réel d'un pompier, qui vivait l'accident et dont la vie basculait comme celles de tant d'autres. Il m'a semblé être bien placé pour réaliser ce témoignage. Mais à l'origine, je n'avais pas l'idée d'entreprendre un livre. Erick a failli y passer, il a mis des années à se reconstruire et il lui en faudra encore beaucoup d'autres. Il y a Erick avant et Erick après. J'ai tenu plusieurs années à le suivre régulièrement, je n'ai pas voulu lâcher. Au fil du temps, nous avons noué des liens forts. Erick a donné une grande leçon de courage. De plus, il a bien été épaulé par une épouse extraordinaire et elle a été très très présente.
e-sante : Selon vous, quelles ont été les plus grandes victoires d'Erick Vauthier ?
Bernard Le Bars : La première est qu'il a aujourd'hui une vie normale, après avoir frôlé de si près la mort. Ce qui l'a sauvé c'est son âge, sa condition physique de pompier et la volonté de se battre.Ensuite, sa cellule familiale n'a pas éclaté, alors que c'est particulièrement fréquent, et humain de craquer. Du jour au lendemain, il a été défiguré, les soins ont été lourds, sans oublier les passages au bloc tous les six mois. Et enfin, il est passé de l'autre côté, de sauveur à sauvé, c'est difficile à vivre
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