Le vrai malaise des urgences
"Les gardes sont une obligation déontologique et il faut faire appliquer la règle" a affirmé Martine Aubry, Ministre de l'Emploi et de la Solidarité, en réponse au grave problème posé par l'engorgement des services d'urgences. Les chiffres sont en effet éloquents: entre 1990 et 1998 le nombre des français ayant fréquenté un service d'urgence a augmenté de 43% pour passer de 7,2 millions à 10,3 millions (étude du Secrétariat d'Etat à la Santé). En dix ans, les appels au SAMU ont quant à eux été multiplié par 3, en passant de 3,5 millions par an à 11 millions. Sur l'ensemble de ces appels, 4 millions correspondent à de simple demande d'information ou à des personnes en difficulté en raison de leur précarité. On comprend dès lors la demande de madame Aubry de remobiliser les médecins de ville.
Il ne faut pas pour autant que cette vraie difficulté en cache deux autres encore plus grandes à notre avis: la qualification des personnels et le sous effectif, notamment pendant la nuit ou pendant les week-end.
Le manque d'une vraie formation d'urgentiste reconnueLa qualification des personnels est un problème très grave selon les urgentistes qui n'arrivent toujours pas à faire vraiment prendre en compte leur spécialité. Il s'agit d'une difficulté d'organisation des hôpitaux, leurs services porte, sensé trier les patients, étant progressivement devenus des services d'urgences devant soigner les patients sur place. Or les personnels en place ne suffisent pas à la tache et leur qualification se fait par défaut. En pratique se sont les internes, autrement dit les médecins en fin d'étude ou en cours de spécialisation, et des médecins généralistes volontaires qui assurent ces gardes.
Le désert de la nuit
Mais c'est toute l'organisation des hôpitaux qui est mise en cause quand on demande à des médecins d'enchaîner des gardes avec des prises de service normales, les amenant parfois à veiller 1 à 2 journées d'affilées (la qualité du travail décline avec la fatigue, cela a été démontré). Le pire est l'organisation des effectifs la nuit et les week-ends. Il faudrait que des études soient mises en place pour quantifier ce phénomène. Il est réellement dramatique et l'image que nous avons des hôpitaux le jour doit être revue après minuit. Concrètement on ne peut que conseiller de ne pas être gravement malade la nuit !
Quant au problème des appels inutiles au SAMU, ne faudrait-il pas s'interroger sur la mise en place de centres d'appels, publics et privés, pouvant assumer ce service de réponse au tout venant, au demeurant indispensable? Cela mérite réflexion alors que ce type d'approche est pour l'instant réservé à certaines pathologies (diabète insulinodépendant, hépatite, sida, tabac).
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