Etats-Unis : les “bactéries cauchemardesques” menacent de plus en plus
Ces bactéries sont surnommées cauchemardesques pour une bonne raison. Elles sont capables de résister à plusieurs classes d'antibiotiques, censés les éradiquer. Et aux Etats-Unis, la menace inquiète les autorités.
Dans un rapport, les centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) s'inquiètent de la progression de certaines bactéries : celles capables de résister aux carbapénèmes. Rien qu'en 2017, elles ont infecté 221 personnes.
10 % de porteurs sains
Leur nom scientifique est bien moins attrayant que leur surnom : entérobactéries productrices de carbapénémase (CRE), souvent contractées en milieu hospitalier. Elles représentent u n tiers des bactéries d'origine intestinale analysées par les CDC en 2017.
Mais d'autres microbes ont été pointés du doigt par cette agence sanitaire, notamment Pseudomonas aeruginosa. Cette bactérie opportuniste infecte principalement les voies aériennes supérieures, provoquant toux, difficultés respiratoires et parfois bleuissement de la peau.
Le problème, c'est que ces souches résistantes ne provoquent pas toujours d'infections. Les CDC ont réalisé des analyses sur des personnes en bonne santé, et ont retrouvé des bactéries de ce type dans un cas sur 10. "Pour faire court, ces bactéries cauchemardesques se trouvent dans votre jardin", résume Anne Schuchat, directrice adjointe des CDC interrogée par ABC News.
De fait, "les bactéries antibio-résistantes peuvent se répandre comme une trainée de poudre", selon les CDC. Rien qu'aux Etats-Unis, elles sont responsables de 23 000 décès par an. En France, ce sont 13 000 personnes qui leur succombent.
Comment éviter la résistance ?
Lutter contre la progression de telles bactéries est essentiel. Car sans antibiotiques efficaces, des infections bénignes comme une cystite ou une gonorrhée peuvent menacer la survie d'un individu. Cela signifie aussi que toute opération peut mener à une infection, car les plaies ouvertes constituent une "voie royale" pour les agents pathogènes.
Afin de limiter la propagation des gènes de résistance, prescrire les antibiotiques à meilleur escient est nécessaire. Partout dans le monde, les gouvernements incitent les professionnels à n'établir de prescription qu'après s'être assuré que l'infection est bactérienne, et non virale, mais aussi en ciblant la bactérie plutôt qu'en utilisant des antibiotiques à large spectre.
Les patients ont aussi leur rôle à jouer. La résistance est favorisée par un mauvais suivi du traitement. En cas de prescription d'antibiotiques, il est donc essentiel de prendre ses médicaments pendant toute la durée inscrite sur l'ordonnance, sans manquer une prise, et de ne pas s'arrêter une fois que les symptômes se sont atténués.
Vidéo : Cystite : deux médicaments ne seront plus remboursés fin mars
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.
Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.
Vital Signs: Containment of Novel Multidrug-Resistant Organisms and Resistance Mechanisms — United States, 2006–2017, Morbidity and Mortality Weekly Report, 6 avril 2018
Containing Unusual Resistance, CDC, consulté le 6 avril 2018
CDC: Drug-resistant 'nightmare bacteria' pose growing threat, ABC News, 3 avril 2018