Farines animales : le retour !
Vers une réintroduction des farines animales ?
Dès que des enjeux économiques sont en cause, la santé devient moins prioritaire. Cet adage se vérifie une fois de plus avec la décision de la commission européenne de réintroduire les farines animales dans la nourriture du bétail en Europe. La décision s’appuie sur 4 arguments :
- le nombre de cas d’ESB n’était plus que de 67 en 2009 en Europe,
- les protéines végétales de substitution coûtent cher,
- l’élimination des déchets potentiellement infectés pourrait être renforcée,
- cette réintroduction des farines animales ne concernerait que les non ruminants (cochons, volailles, poissons) et interdiction serait faite de nourrir des animaux avec une farine issue de leur propre espèce.
Cette décision de la commission européenne doit être validée par chaque état qui devra prendre une position pour son compte. En France, le conseil national de l’alimentation (CNA) a émis en mai 2011 un avis favorable à cette réintroduction des farines animales, en soulignant que sa décision était de nature économique et non scientifique.
L’Etat français doit refuser les farines animales
L’État français doit donc maintenant statuer et il est envisagé de limiter cette réintroduction à l’alimentation des poissons. Or ceci est potentiellement très grave. Pourquoi ? Parce que les farines animales perturbent complètement la chaîne alimentaire de ces espèces. Aujourd’hui, les poissons d’élevage ont globalement la même qualité alimentaire que les poissons sauvages car ils sont nourris comme eux de petits poissons issus de résidus de pêche. Autrement dit, leur chair est aussi riche en oméga 3, voire plus, que leurs homologues du grand large. Avec les farines animales, ils vont ingérer des aliments issus de bétails nourris de manière industrielle, c’est-à-dire avec une alimentation à base de maïs et de soja. Or, on ne le répétera jamais assez, les oméga 3, indispensables à notre bonne santé, proviennent du plancton et de l’herbe.
Les petits poissons, servant de base alimentaire aux poissons d’élevage, se nourrissent de plancton et leur chair est donc riche en oméga 3. Avec les farines animales issues d’animaux essentiellement nourris de manière industrielle, les poissons d’élevage vont perdre une grande partie de leurs oméga 3.
Vos commentaires sur cet article sont les bienvenus. Il faut vraiment que nous nous exprimions contre les magiciens aveugles qui, oubliant les règles de base de la nature, finissent par nous rendre malades. Car tout en haut de la chaîne alimentaire, il y a l’espèce humaine. Et l’espèce humaine est faite pour manger des poissons issus de la chaîne du plancton et des ruminants issus de la chaîne de l’herbe.
Source : Supplément nutrition du Quotidien du Médecin du 20 octobre 2011.
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