Fausses couches à répétition : le sperme en cause ?
Comment expliquer les fausses couches récurrentes ? Alors que la santé de la mère est plus souvent évoquée pour expliquer ces événements que la santé du père, des chercheurs en gynécologie et en andrologie de l’Imperial College et de l’hôpital St. Mary de Londres (Royaume-Uni) révèlent qu'une mauvaise qualité du sperme paternel pourrait constituer un facteur de risque. Ils publient une étude sur ce sujet dans le numéro de janvier 2019 de la revue scientifique Clinical Chemistry.
L’ADN des spermatozoïdes endommagé
Pour ces travaux, les chercheurs se sont intéressés à 50 couples ayant été confrontés à des fausses couches récurrentes, définies par au moins trois interruptions accidentelles et consécutives de la grossesse avant la 20e semaine de grossesse. Ils ont recueilli et analysé des échantillons de sperme des 50 hommes aspirant à devenir père. Ils les ont comparés à un groupe dit "contrôle" constitué de 60 échantillons issus de donneurs volontaires dont la partenaire n’avait jamais subi de fausse couche.
Résultat : les spermatozoïdes des hommes confrontés à des fausses couches dans leur couple présentaient deux fois plus de dommages au niveau de leur ADN que les spermatozoïdes du groupe contrôle. Globalement, leur mobilité et leur morphologie étaient également moins bonnes que les spermatozoïdes contrôles.
Infection, âge et surpoids
Selon les chercheurs, ces dommages auraient été causés par les molécules contenues dans le liquide séminal dans lequel baignent les spermatozoïdes, en particulier des molécules appelées dérivés réactifs de l’oxygène qu’ils ont trouvé en quantité supérieure (quatre fois plus) chez les hommes confrontés à des fausses couches dans leur couple.
Mais d’où viennent ces molécules en surnombre ? D’après les scientifiques, ces importantes quantités de dérivés réactifs de l’oxygène pourraient provenir d’infections passées, comme des chalmydioses par exemple. Autres facteurs possiblement en cause dans ces hausses permanentes de concentration de ces molécules : l’âge avancé et le surpoids des hommes.
Vers de nouveaux traitements contre les fausses couches
Les chercheurs tempèrent toutefois leurs résultats en rappelant que leur étude porte sur un petit nombre d’hommes et que des travaux plus approfondis sont nécessaires pour confirmer ou infirmer le rôle des spermatozoïdes dans le risque de fausses couches récurrentes. Si ce rôle est bien confirmé, la découverte des chercheurs britanniques pourrait ouvrir de nouvelles voies pour la recherche de traitements visant à réduire le risque de fausse couche. En effet, comme le souligne le docteur Channa Jayasena, co-auteur de l’étude cité dans un communiqué de l’Imperial College London : "maintenant que nous réalisons que les deux partenaires contribuent aux fausses couches récurrentes, nous pouvons, espérons-le, obtenir une image plus claire du problème et commencer à chercher comment faire en sorte que plus de grossesse aboutissent à un bébé en bonne santé."
Une mère sur trois a déjà subi une fausse couche
Entre 10 à 15% des grossesses se terminent par une fausse couche et environ un tiers des femmes qui ont des enfants ont déjà fait l’expérience d’une fausse couche au cours de leur vie. Les fausses couches précoces, qui surviennent au cours du premier trimestre de la grossesse, sont les plus fréquentes et se produisent même pour la plupart avant la 10e semaine de grossesse. Elles sont à distinguer des fausses couches tardives, plus rares, qui surviennent pendant le deuxième trimestre de la grossesse.
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Recurrent miscarriage linked to faulty sperm, Communiqué de l’Imperial College London, 4 janvier 2019
Fausses couches, Vidal.fr, mis à jour le 19 septembre 2013