Hypertension : et si c’était la faute d’un médicament ?
5 à 10% d’hypertensions d’origine médicamenteuse
L’hypertension artérielle (HTA) d’origine toxique ou médicamenteuse (dite iatrogène) est fréquente. Un médicament ou une substance (toxique) peuvent expliquer à eux seuls la survenue d’une hypertension ou plus souvent contribuer à sa sévérité voire limiter l’efficacité d’un traitement anti-hypertenseur.
Selon les études, 5 à 10% des personnes ont une hypertension qui est soit déséquilibrée soit déclenchée par un médicament. Si le médecin y pense chez des personnes âgées qui prennent plusieurs médicaments (polymédiquées), il est facile de passer à côté chez des personnes jeunes, avec la survenue d’hypertensions sous antidépresseurs ou de plus en plus souvent sous toxiques comme la cocaïne, l’extasy-MDMA ou même les boissons énergisantes.
Pr Atul Pathak, cardiologue, Unité d’hypertension artérielle, facteurs de risque et insuffisance cardiaque (Clinique Pasteur, Toulouse) et coordonnateur de la Fiche technique "HTA toxique et médicamenteuse" pour la Société Française d’Hypertension Artérielle : « Lorsque l’on prend en charge un patient hypertendu, la possibilité d’une hypertension artérielle induite par un médicament doit toujours être évoquée. Le déséquilibre soudain d’une hypertension auparavant contrôlée doit aussi éveiller les soupçons. Fort heureusement, dans 95% des cas, l’hypertension est réversible à l’arrêt de l’agent causal et une hypertension existante est alors rééquilibrée ».
Ces médicaments qui peuvent donner de l’hypertension
Certains médicaments peuvent élever la pression artérielle en interférant avec le système nerveux, le rein ou autres. Nombre de ces médicaments s’obtiennent sans prescription médicale.
Les médicaments qui agissent sur le système nerveux
Les mécanismes de régulation de la pression sanguine artérielle font intervenir de manière directe ou indirecte l’activité du système nerveux sympathique, c’est-à-dire celui qui intervient dans les activités physiologiques inconscientes (battement du cœur, respiration etc.).
- Les antidépresseurs dits IMAO, ceux qui inhibent la recapture de la noradrénaline et de la sérotonine (fluoxétine, paroxétine, venlafaxine, minalcipran, duloxétine, sertaline...) ainsi que les antidépresseurs appelés tricycliques (imipramine, doxépine etc.).
- Les décongestionnants de la muqueuse nasale, certains sirops ou collyres (phényléphrine, pseudo-éphédrine).
Pr Pathak : « Vigilance avec les médicaments contre la toux (antitussifs), les décongestionnants nasaux et les médicaments associés à des anti-inflammatoires (AINS) en vente libre dans les rhumes ou les états grippaux parfois fébriles ».
- Les antimigraineux. Les triptans sont des médicaments de crise. Certains dérivés de l’ergot de seigle (traitement de fond de la migraine) peuvent aussi élever la pression artérielle.
- Les médicaments utilisés dans l’asthme (antiasthmatiques). La théophylline et le salbutamol sont contenus dans les bronchodilatateurs utilisés dans le traitement des crises d’asthme, mais aussi dans les exacerbations dans la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), une maladie fréquente surtout chez les fumeurs.
- Certains psychostimulants (cocaïne, amphétamines et apparentés comme le modafinil).
- La nicotine.
- La caféine, présente dans le café mais aussi les boissons énergisantes.
- En psychiatrie, certains nouveaux neuroleptiques comme la clozapine, la réserpine ou la tétrabénazine.
- Les extraits d’hormones thyroïdiennes (lyvothyroxine etc.) prescrites dans les hypothyroïdies.
Les médacaments qui interfèrent avec le rein
- Les médicaments anti-inflammatoires dits non stéroïdiens (AINS) sont la cause la plus fréquente d’hypertension iatrogène et parmi les plus utilisés. En vente libre.
- Les hormones sexuelles (contraception œstroprogestatives, traitement hormonal de la ménopause ou de l’andropause).
- Les glucocorticoïdes (cortisone, hydrocortisone, prednisone etc.) aux effets anti-inflammatoires, immunosuppressifs et antiallergiques.
- La réglisse (acide glycyrrhizique).
- Des immunosuppresseurs, médicaments employés en cas de transplantation d’organes (ciclosporine, tacrolimus).
- Certains médicaments dans le cancer ou en ophtalmologie (bévacizumab, sunitinib etc.)
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D’après un entretien avec le Pr Atul Pathak, cardiologue, Unité d’hypertension artérielle, facteurs de risque et insuffisance cardiaque (Clinique Pasteur, Toulouse).