L'apnée du sommeil augmente les risques de cancer chez les femmes
L'apnée du sommeil, appelée le syndrome d'apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), n'est pas une pathologie anodine. En plus de la fatigue ou d'une hausse des maladies cardiovasculaires, la maladie augmenterait chez les femmes les risques de développer un cancer.
Une équipe de chercheurs de 12 universités européennes dont celles de Dublin (Irlande), Göteborg (Suède) et Athènes (Grèce), est arrivée à cette conclusion après avoir passé au crible la base de données européenne "European Sleep Apnoea Database (ESADA)". Elle regroupe des informations sur 19 556 personnes atteintes du syndrome (un total de 5 789 femmes et de 13 767 hommes).
"Des études récentes ont montré qu'un faible taux d'oxygène dans le sang pendant la nuit et une perturbation du sommeil, qui sont tous deux fréquents dans le SAHOS, pourraient jouer un rôle important dans la biologie de différents types de cancers. Mais ce domaine de recherche est très nouveau, et les effets du sexe sur le lien entre le SAHOS et le cancer n'a pas été étudié en détail auparavant", explique le Pr Athanasia Pataka, principal auteur de l'étude.
Les femmes plus touchées par le cancer
Les scientifiques ont étudié la sévérité du trouble chez les patients en gardant le nombre de fois qu'ils avaient une obstruction de leur voie respiratoire pendant leur sommeil et le nombre de fois par nuit que l'oxygénation de leur sang tombait en dessous de 90%. Par la suite, ils ont regardé le nombre de patients ayant eu un cancer. 388 participants avaient reçu un tel diagnostic (160 femmes et 228 hommes), soit 2% du groupe étudié. Le cancer du sein était la forme de cancer la plus répandue chez les femmes. Pour les hommes, le cancer de la prostate est le plus courant.
Lorsque les chercheurs ont regardé plus en détail les différences entre les sexes. Ils ont découvert que les femmes ayant une apnée du sommeil sévère avait un risque plus important d'avoir un cancer que les femmes ne souffrant pas de ce trouble. En revanche, les données des scientifiques montrent que les hommes avec un SAHOS n'ont pas de risques supplémentaires de développer un cancer par rapport à ceux n'ayant pas cette pathologie.
“Notre étude menée sur plus de 19000 personnes montre que la sévérité du SOHAS est liée à un diagnostic de cancer. Ce lien est particulièrement fort chez les femmes que nous avons étudiées, et moins chez les hommes. Cela suggère que la sévérité de la maladie peut être un indicateur pour le cancer chez les femmes bien que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour le prouver”, ajoute la chercheuse.
Par ailleurs, Athanasia Pataka et son équipe préconisent que les médecins soient attentifs lorsqu'ils reçoivent une femme pour une suspicion d'apnée du sommeil. Les symptômes de la gente féminine diffèrent des hommes. En effet, elles ont souvent des signes de la maladie moins connus comme la fatigue chronique, des migraines matinales, l'insomnie ou encore la dépression.
Qu'est que l'apnée du sommeil ?
Le syndrome d'apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), auparavant dénommé le syndrome des apnées obstructives du sommeil (SAOS), est une maladie chronique.
La respiration des personnes atteintes s'arrête ou diminue pendant 10 à 30 secondes lorsqu'elles dorment. Ces épisodes peuvent se produire au moins 5 fois par heure pendant la nuit et peuvent se répéter plus d’une centaine de fois par nuit. Ils entraînent une mauvaise oxygénation du cerveau. L'organe conduit alors la personne à se réveiller pour qu'elle reprenne sa respiration. Ces micro-éveils dont le malade n’a pas conscience, peut se répéter plusieurs fois par nuit. Le sommeil n'est alors ni reposant ni réparateur.
Généralement, les symptômes des personnes atteintes de SAHOS sont des ronflements forts, une somnolence excessive en journée, des difficultés à se concentrer ou encore des maux de tête. Ce syndrome ne menace pas le pronostic vital du malade. Toutefois, il peut entraîner des problèmes graves comme des maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires.
Les facteurs favorisant l'apnée du sommeils sont :
- le surpoids,
- l'âge : elle est plus fréquente chez les seniors,
- le sexe : les hommes sont deux fois plus exposés que les femmes,
- une obstruction nasale (allergie, chirurgie...),
- ou encore l'alcool, les sédatifs et le tabac aggravent les symptômes.
En France, environ 4% de la population souffrent d’une apnée du sommeil plus ou moins sévère.
De plus, l'importance de la maladie se mesure au nombre d'apnées/hypopnées par heure de sommeil (IAH ou indice d'apnées/hypopnées). Si le malade en fait :
- entre 5 et 15, il s’agit d’une 'apnée du sommeil légère,
- entre 16 et 30, c’est une 'apnée du sommeil modérée,
- si l'indice d'apnées/hypopnées (IAH) est supérieur à 30, il s’agit ici d’une apnée du sommeil sévère.
La consultation médicale est la première étape du diagnostic de l'apnée du sommeil. Le médecin interroge le patient sur son sommeil et sa somnolence diurne. Il dispose pour cela de plusieurs échelles d’appréciation comme celle d'Epworth. Un examen otorhinolaryngologique peut également être effectué.
Si une apnée du sommeil est suspectée, le patient devra effectuer des examens complémentaires comme un bilan du sommeil. Il s'effectue souvent dans des unités du sommeil, où l’on réalise diverses mesures objectives pendant que la personne dort.
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Comprendre l’apnée du sommeil, Ameli, 20 février 2019
Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil, OMS