Les gels et les crèmes à base de rétinoïdes désormais interdits pendant la grossesse
Roaccutane®, Effederm®, Epiduo®... Tous les médicaments contenant un rétinoïde utilisés par voie cutanée -principalement contre l'acné- sont désormais interdits aux femmes enceintes ou plannifiant une grossesse, annonce l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Jusqu'ici, cette interdiction concernait uniquement les rétinoïdes pris par voie orale c'est-à-dire disponibles sous la forme de gélules ou capsules et s'appliquait pour ceux-ci à toutes les femmes en âge de procréer sans contraception efficace (pilule, stérilet...). Maintenant c'est aussi toutes les crèmes et gels qui sont concernés. Pourquoi ? A cause de leurs effets tératogènes soit le fait qu'ils puissent provoquer des malformations chez les enfants. "Bien qu’un passage dans la circulation sanguine des rétinoïdes à travers la peau semble négligeable dans les conditions habituelles de traitement, il ne peut être totalement exclu", explique l'ANSM. Estimant "qu’il n’existe pas de besoin absolu pour un traitement rétinoïde par voie cutanée" elle a décidé de restreindre encore leur utilisation.
Médicaments commercialisés en France contenant un rétinoïde, par voie cutanée :
- Tretinoine : Zanea®, Erylik®, Retacnyl®, Effederm®, Ketrel®, Locacid®
- Isotretinoine : Antibiotrex®, Roaccutane®
- Adapalène : Differine®, Epiduo®, génériques d'adapalène
- Tazarotène : Zorac®
Pas de risques neuropsychiatriques avec les crèmes et gels à base de rétinoïdes
L’effet tératogène des rétinoïdes par voie orale est connu et la grossesse est une contre-indication absolue lorsqu’ils sont utilisés sous cette forme. Plusieurs mesures de réduction des risques (renforcement des conditions de prescription, documents d’information, formulaire d’accord de soins…) ont déjà été mises en place depuis plusieurs années en France, rappelle l'ANSM. Ce qui vaut pour les femmes adultes souffrant d'acné, sous contraception et non désireuses d'avoir des enfants, de devoir s'armer de courage pour pouvoir être prises en considération. De nombreux dermatologues refusent de prescrire le fameux Roaccutane® ou Curacné® par voie orale même si elles remplissent les conditions posées par les autorités. Et les choses ne devraient pas se simplifier. L'ANSM indique sur son site que "la réévaluation de la sécurité d’emploi des rétinoïdes oraux a conduit à quelques modifications des conditions d’emploi de ces médicaments par rapport aux mesures déjà mises en place". "De nouveaux outils visant à réduire ces risques sont en cours d’élaboration." Les professionnels de santé devraient recevoir un courrier début 2019.
Pas de risque avéré de troubles psychiatriques. Si les rétinoïdes oraux sont si surveillés c'est à cause de leur risque possible de troubles neuropsychiatriques. Un risque qui n'est pas avéré puisque, comme le rappelle l'Agence européenne du médicament en mars 2018, les données disponibles sont "limitées" ce qui ne permet pas de l'établir "clairement". Concernant les rétinoïdes topiques, "les données disponibles suggèrent qu'ils ne présentent pas de risque d'effets indésirables neuropsychiatriques" indique l'Agence. "Il est donc inutile d'ajouter des avertissements supplémentaires aux informations de prescription."
Les médicaments à base de rétinoïdes sont utilisés en dermatologie (acné, psoriasis) et cancérologie.
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