Pas d'automédication pendant la grossesse

Les femmes enceintes prennent trop de médicaments, sans toujours savoir si les risques pour le foetus ont été évalués ou pire, s'ils sont contre-indiqués pendant la grossesse. C'est ce que révèle une récente enquête réalisée auprès de 1.000 femmes et publiée dans la célèbre revue médicale « The Lancet ».
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Il ne s'agit pas d'affirmer que tous les médicaments sont dangereux pendant la grossesse, mais simplement de préconiser une consommation rationnelle de ceux-ci grâce à une bonne information et à un suivi médical attentif.

Automédication pendant la grossesse : quels sont les risques encourus ?

Les médicaments administrés pendant la grossesse ont des effets bien différents chez la mère et chez le bébé à naître. Il existe chez ce dernier une grande sensibilité en raison de la fragilité de son organisme en cours de développement. C'est le placenta, zone d'échanges entre la mère et le fœtus, qui permet le passage de certains médicaments dans le sang de l'enfant. La prise de ces médicaments peut ainsi entraîner des altérations irréversibles (ou anomalies congénitales) touchant aussi bien les membres, la face, le cœur que le système nerveux. Cela s'appelle l'effet « tératogène ».

Il faut savoir que chez le fœtus, les médicaments agissent plus longtemps et de façon plus intense car son organisme ne possède pas encore toutes les capacités de « digestion » tissulaire, appelé aussi catabolisme.

Bien sûr, la prise de médicaments n'a pas de conséquences dramatiques dans tous les cas et les malformations éventuellement constatées sont heureusement minimes le plus souvent. Il faut néanmoins savoir que des risques potentiels existent et qu'ils diffèrent selon le moment de la prise de médicaments pendant la grossesse. C'est au cours des trois premiers mois que le futur enfant est le plus sensible car c'est la période de formation de l'embryon, celle où les organes et les structures anatomiques se mettent en place (effets tératogènes ou malformatifs). C'est pendant cette phase que les malformations peuvent donc être les plus graves. Pendant les six autres mois de la grossesse, le risque de malformation lié à une prise médicamenteuse est nettement plus faible. Cependant attention, il demeure un risque réel de toxicité directe sur le fœtus : effets foetotoxiques.

Quels sont les médicaments concernés ?

De nombreux médicaments peuvent être à l'origine de telles complications chez l'enfant à naître et il n'est pas facile d'en déterminer la liste exacte. En effet, il est impossible, au cours du développement d'un médicament, d'étudier les risques de malformations directement sur l'embryon. On ne peut disposer que d'extrapolations à partir des effets observés chez l'animal. Il n'est donc pas possible d'affirmer à 100% l'innocuité d'un médicament sur le fœtus. C'est pourquoi la règle générale est de limiter au maximum la prise de médicaments pendant la grossesse, et en tout cas de se limiter aux indications impératives.

On peut considérer que pratiquement toutes les classes thérapeutiques sont susceptibles d'entraîner des risques pendant la grossesse. Citons notamment certains antibiotiques, antiparasitaires, médicaments à visée hormonale, anticoagulants, anti-épileptiques, antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques, lithium, antalgiques, anti-inflammatoires.

Et même si certains médicaments appartenant à ces classes thérapeutiques sont théoriquement sans danger chez la femme enceinte, il faut toujours demander l'avis de son médecin ou de son pharmacien avant de prendre quel que médicament que ce soit.

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Source : J.F. Delaloye, P. De Grandi et P. Holilfeld, Médicaments, grossesse et lactation. Ed. Médecine et hygiène. Lacroix I. et coll., The Lancet, 2000, 356 : 1735-1737.