Maladie de Crohn : traitée par des oeufs de taenia !

La maladie de Crohn, pathologie inflammatoire chronique de l'intestin, reste d'origine inconnue. Toutefois, une réponse immunitaire inappropriée à la flore digestive normale est fortement soupçonnée. C'est ainsi qu'une alternative thérapeutique a été testée, consistant à administrer des oeufs de nématode, lesquels modifient la réponse immunitaire.

La maladie de Crohn se caractérise par une inflammation de l'intestin. Elle évolue par poussées successives et lèse des segments de l'intestin, avec une prédilection pour l'iléon (intestin grêle terminal), le côlon et l'anus. Les lésions comportent un épaississement de la paroi et des ulcérations. Le traitement est essentiellement celui de l'inflammation (corticostéroïdes, azathioprine, infliximab…). Toutefois, dans certains cas rebelles, on recourt à un traitement immunodépresseur. Quant au traitement chirurgical, il concerne les complications de la maladie (occlusion, hémorragie, fistule grave) et les formes résistantes au traitement médical.

Et effectivement, nombre de patients sont résistants au traitement classique de l'inflammation. C'est ainsi que des chercheurs ont eu l'idée d'induire chez des patients une parasitose par un nématode non pathogène, ce qui modifie la réponse immunitaire. Cet essai a été mené chez 29 patients non-répondeurs au traitement anti-inflammatoire standard. Le protocole consistait à ingérer toutes les trois semaines, un liquide contenant 2.500 oeufs de taenia suis, forme porcine du taenia. Ce parasite n'est pas habituel chez l'homme, mais il le colonise parfois, toujours transitoirement, sans donner de pathologie importante et sans risque de contamination interhumaine. Résultat : un taux de réponse proche de 80% et un taux de rémission de 73%. Les patients n'ont pas éprouvé de nouveaux symptômes.

Cette exposition parasitaire a donc un impact positif sur les maladies à forte composante immunitaire, au premier rang desquelles figure la maladie de Crohn.

Rappelons que la maladie de Crohn atteint entre 3 et 6 personnes sur 100.000. Elle se rencontre à tout âge, mais surtout chez les adolescents, les jeunes adultes et les personnes de plus de 60 ans. Cette affection se révèle le plus souvent par une diarrhée aiguë ou chronique, avec perte d'appétit, amaigrissement et anémie. Elle se complique de fistules et parfois d'abcès siégeant en général au niveau de l'anus, d'occlusions intestinales et de fistules internes. Elle peut également être à l'origine d'une uvéite (inflammation oculaire) et d'une spondylarthropathie (affection inflammatoire chronique touchant les articulations vertébrales).

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Source : Weinstock J., Summers R.W. et coll., Gut, 54 : 87-90, 2005.