Ménopause : tempête sur le THS

Les risques relatifs au Traitement Hormonal Substitutif de la ménopause (THS) sont depuis longtemps considérés comme minimes. Or, les résultats de l'étude HERS, l'arrêt prématuré de l'essai Women's Health Initiative et sa forte médiatisation ont sonné comme un coup de tonnerre. Il semble aujourd'hui essentiel d'expliquer et de rassurer les patientes.
Sommaire

Le THS ne protège pas contre la maladie coronarienne

Pendant des années, de nombreuses études ont suggéré que le THS apportait un effet cardioprotecteur. Il a donc été prescrit en prévention de la maladie coronaire chez des femmes ménopausées. C'est ainsi que l'étude HERS (Heart and Estrogen/progestin Replacement Study) a été entreprise afin de déterminer si le THS pouvait prévenir d'autres évènements cardiovasculaires (dite prévention secondaire). Portant sur plus de 2.700 femmes ménopausées ayant déjà fait une pathologie cardiovasculaire et suivies sur un total de 7 années, les résultats montrent que le THS comparé à un placebo n'offre pas d'effet cardioprotecteur. Au contraire, le risque d'infarctus augmente durant la première année de traitement, mais diminue par la suite. Ce traitement n'est donc plus justifié en prévention primaire de la maladie coronarienne !D'autres paramètres analysés ne montrent pas non plus d'avantage : les risques d'accident veineux thromboembolique et de pathologie biliaire sont augmentés. Au final, seuls les risques de cancer ou de fractures sont similaires sous placebo ou THS.Ces résultats n'ôtent rien des bénéfices apportés par le THS au moment de la ménopause, mais il ne peut plus être considéré comme un médicament capable de prévenir toutes les maladies des femmes ménopausées.

Arrêt prématuré de l'étude Women's Health Initiative

Afin d'étudier la balance bénéfices/risques du THS, l'Institut National de la Santé américaine a lancé une grande étude, la Women's Health Initiative (WHI), comparant les effets du THS et d'un placebo, cette fois-ci chez des femmes ménopausées en bonne santé, ne présentant pas de risque cardiovasculaire particulier. Plus de 16.000 patientes ont participé à cette étude débutée en 2000 et qui devait se terminer en 2005. Les médecins coordinateurs ayant considéré que les résultats étaient d'ores et déjà très parlants, elle vient d'être interrompue à grand fracas ! Les données préliminaires ont été publiées et très largement médiatisées. En effet, les chiffres présentés sont impressionnants. Mais à y regarder de plus près, ils restent dans l'ensemble modestes. On peut dire qu'avec un excès d'effets indésirables, l'ensemble des risques pour la santé excède les bénéfices.Comparé au placebo, le THS est associé à une augmentation de 26% du risque relatif de cancer du sein invasif. Ce qui signifie que le nombre de personnes sous THS pendant un an ayant fait un cancer du sein était de 38 pour 10.000 contre 30 pour 10.000 sous placebo.Le risque d'accident coronarien s'accroît avec 37 évènements pour 10.000 patientes sous THS pendant un an contre 30 sous placebo. Les accidents veineux thromboemboliques doublent, passant de 16 avec le placebo, à 34 pour 10.000 patientes traitées par le THS, par année. En revanche, le risque de fractures du col du fémur diminue puisque seules 5 patientes pour 10.000 traitées par an sont concernées contre 15 fractures sous placebo. Il en est de même du cancer côlon (10 cas sous THS contre 16 pour 10.000 sous placebo). Les autres cancers ne sont pas modifiés (endomètre, poumon… ).

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Source : Grady D. et coll., JAMA, 288 (1) : 49-57, 2002. Hulley S. et coll., JAMA, 288 (1) : 58-66, 2002. Petitti D.B., JAMA, 288 (1) : 99-101, 2002. Writing Group fro the Women's Health Initiative Investigators. Risks and benefits of estrogen plus progestin in healthy postmenopausal women. Principal results from the Women's Health Initiative Randomized Controlled Trial. JAMA 2002 ; 288.