Nouveaux médicaments : une hausse des prix dénoncée
Entre 2001 et 2016, le montant annuel total dépensé en médicaments est passé de 26,1 milliards d’euros à 34 milliards d’euros. Huit organisations ont dénoncé cette situation dans un Livre Blanc publié le 20 juin 2018.
Professionnels de santé et malades alertent sur l'augmentation des prix des nouveaux médicaments, notamment ceux contre les cancers, l'hépatite C et certaines maladies rares. Certains traitements dits "innovants" peuvent coûter plusieurs dizaines de miliers d'euros par an et par patient. Le Kadcyla®, utilisé dans la prise en charge de cancers du sein, revient à 6 000 euros par mois soit un coût annuel de près de 72 000 euros. L'arrivée prochaine de traitements en cancérologie, dont les prix peuvent se compter en centaine de miliers d'euros par patient, risque encore de creuser le budget de l'Assurance maladie, préviennent les auteurs du livre.
Cette situation menace l'accès équitable aux soins et la pérennité du sytème de santé solidaire français. Les organisations reprochent aux laboratoires pharmaceutiques leur cynisme. Selon elles, l'innovation de certains médicaments ne justifierait pas leur prix. C'est le cas du Keytruda®, indiqué dans le traitement du mélanome. La Haute Autorité de Santé (HAS) a estimé que l’amélioration du service médical rendu (ASMR) qu’il apportait n’était que mineure par rapport aux traitements existants. Or, son coût est de 72 000 euros par an.
"Les entreprises pharmaceutiques investissent aujourd’hui plus en marketing qu’en recherche et développement"
Face à ces monopoles jugés abusifs, les organisations appellent à plus de transparence. Notamment sur les coûts de recherche et de développement des laboratoires (R&D). "A l’heure actuelle, le public ne possède que des estimations très contrastées sur le coût de la R&D d’un médicament. Les estimations des industriels plafonnent ce coût à 4 milliards de dollars américains, alors que d’autres acteurs estiment ce coût entre 116 et 170 millions de dollars. (...) De plus, plusieurs études nous montrent que les entreprises pharmaceutiques investissent aujourd’hui plus en marketing qu’en R&D" détaillent les auteurs du livre.
En France, contrairement aux États-Unis, le prix des médicaments remboursables n’est pas libre. Il est contrôlé et déterminé par le Comité économique des produits de santé (CEPS). Depuis peu, la Haute Autorité de santé (HAS) essaie de peser sur la fixation du prix des médicaments innovants et dont la charge pour le budget de l’assurance maladie sera élevée : elle donne un avis d’efficience. Cette notion définit, pour chaque médicament innovant et cher, le coût supplémentaire par année de vie en bonne santé.
La hausse des prix des traitements dits "innovants" concerne aussi celui de plusieurs médicaments en vente libre. On peut citer l'Activir®, utilisé contre les poussées d'herpès labial, qui a vu son prix augmenter de 10% en 2017.
Vidéo : La contrefaçon de médicaments : elle nous menace tous !
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"Observatoire des prix des médicaments en vente libre", Familles rurales.