Pilule de 3ème génération : ne vous trompez pas de peur !
La santé publique ne se fait pas sous le coup de l’émotion.
Souvenez-vous du déclassement en urgence du vaccin contre l’hépatite B en vaccin facultatif suite à quelques plaintes. Cette décision hâtive a fait chuter le taux de vaccination des jeunes en France qui est devenu le plus bas des pays occidentalisés.Et depuis, cette tendance n’a jamais réussi à s’inverser. Pourtant, l’augmentation du risque de sclérose en plaques chez l’enfant n’a jamais été démontrée. On dénombrait une vingtaine de cas par an avant la vaccination obligatoire contre l’hépatite B et une vingtaine après. Aucun changement donc, mais un malheureux hasard faisant qu’un petit vacciné pouvait contracter cette maladie rarissime chez l’enfant. En revanche, l’hépatite B reste toujours la première cause de cancer du foie dans le monde.
Dans le cas de la pilule de 3ème génération, nous avons affaire à une confusion similaire. Le risque de maladie thromboembolique sous pilule, avec comme complication une attaque cérébrale ou une embolie pulmonaire, est très rare. Il est en tout cas à comparer avec le risque, deux fois plus élevé, de faire une même complication en cas de grossesse. Sans compter les risques de complications liés aux IVG (Interruption volontaire de grossesse) médicamenteuses ou chirurgicales. Il ne faudrait donc pas que sous prétexte de craindre un accident sous pilule, les jeunes femmes abandonnent leur contraception pour s’exposer aux risques des grossesses non désirés ou des avortements. Ce fut le cas en 1995 en Grande-Bretagne où un véritable « pill scare » ou « panique à la pilule » avait augmenté le taux de grossesses non voulues de 9 % !
Vous l’avez donc compris : si vous prenez ce type de pilule, ne l’arrêtez pas de vous-même sans aller en parler avec votre médecin traitant ou votre gynécologue.
Contraception : posez-vous les bonnes questions
Mais si vous avez vraiment peur d’un accident, profitez-en pour vous poser quelques bonnes questions :
- Si je prends cette pilule, est-ce que mon médecin m’a bien prescrit un bilan sanguin initial et m’a bien informée ?
- Si je prends cette pilule, est-ce parce que je supportais mal une autre pilule ?
Si oui, est-ce que mon médecin m’a proposé d’essayer le stérilet ?
- Si je prends cette pilule depuis plusieurs mois, est-ce que je sais que mon risque n’est alors pas plus élevé qu’avec d’autres types de pilules ?
- Si je prends la pilule Diane 35 pour mon acné, est-ce que je sais que ce médicament est largement aussi dangereux que les pilules de 3ème génération ?
- Si je fume, est-ce que je suis bien consciente que cela multiplie par 4 mon risque de complication thromboembolique sous pilule ?
Est-ce que j’ai bien compris que le tabac emportera la moitié de mes amies fumeuses (et donc moi aussi) ?
- Si j’ai des relations à risque sans préservatif, est-ce que j’évalue bien mon risque d’attraper le Sida, une hépatite B, voire une IST (Infection sexuellement transmissible) faisant le lit d’une future stérilité ?
Autrement dit, la panique est plus dangereuse que la peur et si nous voulons vraiment protéger notre santé, il y a beaucoup de choses à faire. Ne nous trompons pas de peurs.
Et si nous avons une crainte réelle, rien ne vaut une bonne discussion avec notre médecin traitant ou avec notre gynécologue. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, mais elle reste le plus beau des voyages !
Source : Le Quotidien du Médecin du 3 janvier 2013.
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