Pilule réhabilitée en cas de lupus
Le lupus est une maladie rare, auto-immune, essentiellement féminine (9 femmes pour 1 homme), qui évolue par poussées. La particularité de cette affection est qu'elle peut toucher tous les organes (reins, peau, coeur, système nerveux, système digestif, système respiratoire, yeux, cellules sanguines ), rendant le diagnostic difficile, excepté pour les formes typiques, notamment dermatologiques, qui se traduisent par une rougeur du visage touchant le nez, les pommettes et le front (comme un masque de loup, d'où le nom de lupus). Il existe également des douleurs articulaires que l'on retrouve presque toujours au détour de la maladie. L'évolution est extrêmement variable dans le temps et dans la gravité. Il faut distinguer les lupus «endormis» qui ne nécessitent qu'une surveillance simple, des lupus symptomatiques imposant des traitements plus ou moins forts ou prolongés. Et enfin, il faut savoir que les grossesses aggravent la maladie. D'où la nécessité de proposer systématiquement une contraception efficace. Mais pas n'importe laquelle. En effet, il y a plus d'une dizaine d'années, certaines études ont montré un taux important de rechute de lupus (43% sur une année) chez les femmes prenant une contraception estroprogestative. Les estrogènes ayant été accusés de cet effet indésirable, les médecins ont donc évité de prescrire à de telles patientes des pilules à base d'estrogène pour privilégier les progestatifs seuls.Aujourd'hui, le débat reprend à la suite de la publication de deux nouvelles études prouvant que la contraception orale n'est en rien responsable d'une exacerbation de la maladie. La première étude a porté sur un total de 183 femmes (76% atteintes d'une forme inactive de lupus érythémateux disséminé et 24% d'une forme active) suivies durant douze mois. La moitié d'entre elles a reçu une pilule contraceptive, les autres un placebo. Au bout d'un an, 7,7% des patientes sous pilule et 7,6% des témoins sous placebo ont présenté des poussées de lupus, soit la même proportion de femmes quel que soit le groupe. L'intensité des poussées était également identique dans les deux groupes.Dans la seconde étude, les 162 volontaires ont bénéficié soit d'une contraception estroprogestative, soit d'un progestatif seul, soit d'un dispositif intra-utérin. Là encore, le taux de poussées a été similaire dans les trois groupes, avec entre 5 et 6,4% de femmes sujettes à des poussées de lupus.Au final, la maladie reste stable chez les femmes prenant la pilule, même si celle-ci contient des estrogènes. L'idée selon laquelle la contraception exacerbe les poussées se révèle fausse. Toutefois selon les auteurs, la place de la contraception chez les femmes atteintes de forme sévère de lupus doit encore faire l'objet d'investigations.
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