Plan anti-douleur : des progrès mais insuffisants
« La douleur ne doit plus être une fatalité », tel était le slogan de Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la Santé en 1998, lorsqu'il lança pour une durée de trois ans le plan anti-douleur. A l'heure du bilan, et malgré quelques avancées, l'ensemble des objectifs n'a pas été atteint. La reconnaissance de la douleur chronique par les médecins est insuffisante, les structures « anti-douleur » sont mal connues du grand public et les délais d'attente restent trop longs.
Un des objectifs était la prise en charge de la demande des patients. Par exemple, nombre de malades pensent toujours qu'il est normal de souffrir lorsqu'on est hospitalisé et hésitent à demander qu'on les soulage. La campagne télévisées de 1999 a certes permis de faire comprendre à certains que la douleur peut et doit être traitée, mais pour un grand nombre, elle est passée inaperçue.Si les patients ne se plaignent pas de leurs douleurs, il est alors nécessaire de sensibiliser l'ensemble des professionnels de santé afin qu'ils puissent agir face à une souffrance non exprimée. On s'aperçoit ainsi que pour le patient, la qualité de l'écoute prime largement face à la quantité et à la qualité de l'information délivrée par le médecin. Ils ont souvent besoin d'être accompagnés pour exprimer leur besoin d'être pris en charge. Par ailleurs, des centres anti-douleur ont été créés, mais certains, en situation précaire, ont déjà disparu.Les efforts doivent être maintenus et le programme prolongé.
Le point sur la douleur
Définition de référence internationale de la douleur (1976) : « La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite dans des termes évoquant une lésion. » Encore faut-il distinguer douleur aiguë et chronique.Douleur aiguë : elle a un rôle de signal d'alarme. C'est le symptôme d'une affection potentiellement dangereuse pour l'intégrité de l'organisme. Le plus souvent, elle résulte d'une lésion des tissus provoquant un excès d'influx douloureux transmis par les voies nerveuses. Elles correspondent aux douleurs quotidiennes rencontrées dans la vie de tous les jours. Un traitement adéquat permet de les soulager.Douleur chronique : pour entrer dans cette catégorie, la durée de la douleur doit classiquement dépasser trois, voire six mois. La douleur chronique devient alors une maladie qui peut s'accompagner d'une anxiété et d'un fond dépressif. En régle générale, elle entraîne un important retentissement psychosocial.Dans tous les cas, la douleur constitue une maladie en soi. Elle doit être évaluée avant d'être traitée. De nombreux outils permettent d'en mesurer l'intensité, mais la personne qui en fait l'expérience est la plus à même de la décrire et d'en apprécier la force.
Les médicaments sont classés en trois niveaux en fonction de leur action sur l'intensité de la douleur : les douleurs légères à modérées sont habituellement traitées par des antalgiques de palier I (aspirine, paracétamol, ibuprofène) ; les douleurs sévères et intenses font appel à des antalgiques de palier II (morphines faibles) ou II (la morphine). Cette classification montre bien que la morphine n'est pas l'antalgique de référence pour toutes les douleurs. En fait, il s'agit plutôt de trouver la « bonne dose ».
Les centres anti-douleurs ou les unités pluridisciplinaires spécialisées dans le diagnostic et le traitement des douleurs chroniques existent dans la plupart des régions françaises. Les adresses utiles sont disponibles sur le site du Ministère de la Santé.
La douleur, aiguë ou chronique, n'est pas une fatalité, elle se diagnostique et se traite.
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