Plusieurs médicaments courants dangereux pour les poumons
Ils sont répandus dans le monde entier et couramment prescrits, mais pourraient nuire à la santé de vos poumons. Des chercheurs de plusieurs universités britanniques et italiennes, dont l’université de Manchester, ont conduit une vaste étude sur les maladies pulmonaires dues aux médicaments. Selon leurs résultats publiés dans le Journal of Clinical Medicine le 15 octobre 2018, plusieurs millions de personnes dans le monde souffriraient de troubles pulmonaires induits par un traitement, appelés pneumopathies interstitielles médicamenteuses. Ces dernières, aussi appelées pneumopathies parenchymateuses diffuses, correspondent à la détérioration des cellules entourant les alvéoles pulmonaires ce qui cause une inflammation généralisée et une fibrose des poumons.
Entre 4,1 et 12,4 millions de personnes concernées par an
Pour mener cette recherche, les scientifiques ont épluché les résultats de 156 articles réunissant un total de 6200 patients. Selon les chercheurs, 3 à 5% des maladies pulmonaires interstitielles seraient dues à des médicaments. Ces pathologies concerneraient un total de 4,1 à 12,4 millions de personnes par an dans le monde. Les médicaments responsables de ces pneumopathies sont les suivants :
- Les anticancéreux, notamment la bléomycine, la gemcitabine, les agents récepteurs du facteur de croissance épidermique (R-EGF), Les inhibiteurs MTOR (pour Mechanistic Target of Rapamycin Protein et les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire. L’incidence des pneumopathies interstitielles induites par ces différents médicaments varie entre 1 et 21% et le taux de mortalité associé à ces maladies serait de 8 à 48%.
- Les traitements rhumatologiques, dont le méthotrexate et le léflunomide, avec des taux d’incidence de 0,3 à 2,1% et des taux de mortalité variant de 10 à 30%.
- Certains antibiotiques comme la nitrofurantoïne et la daptomycine.
- L’amiodarone, un médicament utilisé contre l’arythmie cardiaque, avec une incidence oscillant entre 1,2 et 8,8% et une mortalité variant de 3 à 37%.
Des effets secondaires "beaucoup plus répandus" que prévu
Face à ces résultats inquiétants, les chercheurs souhaitent alerter sur le manque d’information lié au risque de pathologies pulmonaires, d’autant que les symptômes des pneumopathies interstitielles médicamenteuses peuvent apparaître plusieurs années après le début du traitement. "Bien que ce domaine n’ait pas fait l’objet de recherches approfondies, on peut affirmer que les effets secondaires des médicaments sur les poumons sont beaucoup plus répandus que ce que l’on pensait" s’inquiète ainsi le professeur John Waterton, co-auteur de l’étude, dans un communiqué de l’université de Manchester.
Il espère donc mieux détecter ces pathologies, qui affectent "un nombre considérable de personnes", notamment en mettant au point "de meilleurs tests d’imagerie afin de détecter tout problème pulmonaire avant qu’il ne s’aggrave". Il conclue en insistant sur la nécessité d’un suivi médical approprié pour les personnes prenant ces traitements : "Il est important de souligner que les patients peuvent continuer à prendre leurs médicaments en toute sécurité - mais il est également important que les médecins surveillent et évaluent de près les effets secondaires sur les poumons."
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Drugs’ side effects in lungs ‘more widespread than thought’, communiqué de l'université de Manchester, 29 octobre 2018
Les maladies interstitielles pulmonaires, European Lung Foundation, page consultée le 30 octobre 2018