Première mondiale : un Français subit une deuxième greffe de visage
C'est une situation hors du commun que connaît Jérôme Hamon. Ce Breton peut être décrit comme un cas unique. En janvier dernier, il a bénéficié d'une greffe de visage pour la deuxième fois. Une première mondiale dont il se félicite aujourd'hui.
A 41 ans, Jérôme Hamon a eu trois visages. Le premier, celui qu'il portait depuis sa naissance, portait les stigmates de sa maladie. Atteint de neurofibromatose, le Français avait la face déformée par des tumeurs et en souffrait chaque jour.
En 2010, il reçoit une proposition peu commune : se faire greffer le visage d'un autre. Et accepte. L'intervention, dirigée par le Pr Laurent Lantieri, se déroule au CHU Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne). Placé sous traitement antirejet, Jérôme Hamon revit.
5 ans de répit
Mais en 2015, les choses se compliquent. Souffrant d'un rhume, le Breton reçoit un traitement antibiotique. Mais celui-ci n'est pas compatible avec les médicaments antirejet. Le greffon s'abîme, sans espoir de récupération.
Le Pr Lantieri tranche donc : une deuxième greffe est nécessaire. Ce qu'approuvent les autorités sanitaires compétentes. En octobre 2017, il est placé en liste d'attente. En attendant un greffon, le chirurgien se prépare et Jérôme Hamon est placé sous chimiothérapie afin d'éliminer les anticorps qu'il a développés.
En janvier, un visage est enfin disponible. En urgence, l'intervention est préparée dans un service de l'hôpital européen Georges-Pompidou (Paris). Cette fois encore, c'est une réussite.
"Cette greffe pose, effectivement la question de l'identité, reconnaît Jérôme Hamon dans les colonnes du Parisien. J'ai un nouveau visage, certes, mais c'est mon visage !" Dans un communiqué publié début avril, l'Agence de la biomédecine se félicite d'une telle réussite tout en déplorant "que le principe de l'anonymat n'ait pas été respecté".
Seulement une quarantaine d'opérations
De fait, des interventions de ce type restent rares. Depuis la première greffe de visage, en 2005, une quarantaine d'opérations ont été réalisées. Il faut dire que la technique est très délicate et les traitements antirejets sont lourds.
"Le suivi des greffes de la face a montré qu'elles avaient une évolution similaire à toute greffe d'organe et que la durée de vie de l'organe greffé peut être limitée par des phénomènes de rejet chronique pouvant entraîner au final la destruction de l'organe", précise l'Agence de biomédecine dans un communiqué.
Pour rappel, la première greffe partielle a également été réalisée sur une Française, Isabelle Dinoire. Son visage a été en partie dévoré par son chien après une tentative de suicide. Ses chirurgiens étaient parvenus à lui greffer nez, lèvres et menton.
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Greffe : la leçon de courage de Jérôme Hamon, l'homme aux trois visages, Le Parisien, 17 avril 2018
Fiche "Neurofibromatose 1", portail Orphanet, consulté le 17 avril 2018
Deuxième greffe du visage pour un patient réalisée à l’hôpital Européen Georges Pompidou, AP-HP, Agence de la biomédecine, 6 avril 2018