Les régurgitations normales du nourrisson
Avez-vous déjà regardé des photos de crèches de la première moitié du XXesiècle, ou de la période suivant la seconde guerre mondiale? Tous les enfants y portent un bavoir. Tout simplement parce que la plupart des nourrissons rejettent une partie du lait qu'ils tètent. Ces régurgitations sont normales. Elles correspondent simplement à un stade de développement du tube digestif de l'enfant.
Les régurgitations sont fréquentes et sans aucune gravité
Les régurgitations normales sont encore appelées " reflux gastro-œsophagien physiologique " en langage médical. Elles n'ont aucune conséquence sur la santé de l'enfant ou sa croissance, et disparaissent sans traitement, avant que l'enfant atteigne l'âge d'un an. Elles n'imposent donc ni examen complémentaire ni traitement, même lorsqu'elles semblent abondantes. Dans une étude française, des régurgitations jugées " d'intensité ou de fréquence exagérée " (mais sans conséquence sur la santé de l'enfant) ont été observées chez 18 % des nourrissons de moins de 10 mois, et chez aucun enfant âgé de 10 mois à 4 ans.
Les signes de reflux gastro-œsophagien pathologique
Ce n'est pas la quantité de lait rejetée par l'enfant qui compte. L'expérience accumulée depuis des siècles montre en effet que cela n'influe nullement sur la croissance et le développement de bébé. Ce qui compte, c'est la présence d'autres symptômes, signes de maladie.
Ces symptômes surviennent surtout chez des enfants présentant un handicap mental sévère ou des enfants ayant été opérés en raison d'un rétrécissement de l'oesophage présent dès la naissance (atrésie congénitale de l'oesophage) ou d'une autre anomalie. Chez les autres enfants, les reflux gastro-œsophagiens pathologiques sont très rares. En général, la maladie n'est pas le reflux lui-même, mais l'irritation anormale de l'œsophage qu'il provoque: une œsophagite.
Les symptômes qui doivent faire consulter sont donc: des régurgitations contenant du sang, des pleurs persistants au moment des repas, le refus répété de téter (un refus occasionnel du biberon est fréquent lorsque l'enfant est fatigué, ou qu'il est fiévreux, par exemple - mais un refus obstiné et sans cause apparente doit inquiéter, surtout s'il s'accompagne de pleurs), une perte d'appétit avec arrêt de la croissance (ce qui s'observe sur la courbe de poids, à comparer avec les courbes normales du carnet de santé de bébé), l'impression que l'enfant souffre en avalant.
Le diagnostic d'œsophagite doit alors être confirmé par un examen spécial: l'œsophagoscopie, qui consiste à aller observer les parois de l'œsophage à l'aide d'un tube souple, pendant que l'enfant est sous anesthésie. Il va évidemment de soi qu'on ne doit faire courir à un nourrisson le risque d'une anesthésie (faible, mais réel) que si lorsqu'on a cliniquement une réelle impression de reflux gastro-œsophagien maladie. Tout examen pratiqué " par prudence ", parce que " on ne sait jamais " est à proscrire ! Par ailleurs, dans ce cadre, la radiographie de l'œsophage, de l'estomac et de l'intestin n'a pas d'utilité, sauf lorsqu'on envisage un traitement chirurgical. Et la mesure de l'acidité dans l'œsophage, à l'aide d'une sonde (pHmétrie) est sans intérêt.
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.
Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.