Suicide : surconsommation de soins...

Les suicidés sont des surconsommateurs de soins durant le semestre précédant le passage à l'acte. Consultations fréquentes, ordonnances surchargées (psychotropes et antidépresseurs) et affection de longue durée constituent des signaux d'alerte.

La mort par suicide survient majoritairement chez des hommes (deux hommes pour une femme), appartenant à la tranche d'âge 30- 59 ans. Les personnes en situation de détresse extrême, prêtes à en finir avec la vie, présentent la caractéristique de multiplier les consultations chez les médecins généralistes, et à un moindre degré, chez les psychiatres. Il en résulte une polythérapie, avec des ordonnances à rallonge, principalement de psychotropes et d'antidépresseurs, mais également d'hypnotiques et de tranquillisants. Cette surconsommation de psychotropes chez les sujets passant à l'acte, a été mise en évidence lors d'une enquête menée par l'Union nationale pour la prévention des suicides (UNP). Elle a porté sur 308 habitants de Saint Etienne et de Lyon qui se sont suicidés entre mai 2003 et octobre 2004. Cette population bien connue des services de médecine légale a été comparée à des sujets témoins. Il en ressort une forte corrélation entre l'augmentation récente de la prescription de psychotropes et l'acte suicidaire. Près de 90% des femmes et 60% des hommes suicidés prenaient des psychotropes durant les six mois précédant l'acte. La corrélation est encore plus marquée à moins d'un mois du passage à l'acte. Cette constatation doit servir de signal d'alerte à tout médecin amené à augmenter la prescription d'un patient.Autres caractéristiques dévoilées par cette enquête : 40% des hommes suicidés étaient en affection de longue durée, contre 20% des femmes. Au cours du semestre précédant le suicide, on constate un recours significatif plus fréquent à l'hospitalisation, générale ou psychiatrique.Ces données soulignent l'importance de l'accompagnement à la sortie de l'hôpital et la nécessité d'un suivi spécifique et rapproché des patients en affection de longue durée, principalement d'origine psychiatrique. Si les médecins jouent un rôle important dans la prévention du suicide, tout le réseau associatif relationnel doit également intervenir. L'environnement, l'entourage familiale et/ou social, sont également essentiels et nécessitent une coordination de tous les intervenants.

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Source : Enquête de l'Union nationale pour la prévention des suicides (UNPS), septembre 2005 ; " La santé des suicidés ", Dr Eric Bonne, Service de médecine légale de Saint Etienne, Institut médico-légal de Lyon, Service médical de l'Assurance maladie.