Survivre au cancer du poumon : la piste du scanner spiralé

Pourquoi le cancer du poumon reste-t-il le plus meurtrier ? Face à l'impuissance des traitements, quels sont les moyens de diagnostic ? Une radiographie annuelle du thorax permet-elle un dépistage précoce ? Si oui, pourquoi le nombre de décès ne diminue-t-il pas ? Quelle est la place du scanner spiralé ? A quand le dépistage organisé des fumeurs et anciens fumeurs ?

Chaque année en France, plus de 28.000 nouveaux cas de cancer du poumon sont diagnostiqués, chez des anciens fumeurs dans plus de 90% des cas. Extrêmement fréquent, c'est également le cancer le plus meurtrier : première cause de mortalité par cancer en France, avec 27.000 décès en 2000. Comparativement aux autres types de tumeurs, comme celles du sein ou du côlon, pourquoi le cancer du poumon n'a-t-il pas encore bénéficié des grandes avancées médicales et techniques réalisées ces dernières décennies ? Deux raisons peuvent être évoquées : la faible efficacité des traitements et surtout un diagnostic trop tardif, accentuant encore l'impuissance de la prise en charge actuelle. À noter que la survie est particulièrement réduite pour les grosses tumeurs, puisque seuls 10% des patients survivent cinq ans après le diagnostic. En revanche, elle est très élevée lorsque les tumeurs sont toutes petites. Hélas, encore très peu sont diagnostiquées à ce stade.Actuellement, le combat contre ce cancer passe par la prévention, laquelle se développe sur deux voies bien distinctes : la lutte contre le tabagisme et le dépistage. Si la première est portée au grand jour et s'amplifie d'année en année, la seconde avance à bas bruit et le chemin à parcourir est encore très long, mais les espoirs conséquents.

Les limites de la radio du thorax

Une étude américaine l'a parfaitement démontré à partir d'une population de fumeurs bénéficiant d'une radio du thorax annuelle durant six années consécutives. Le nombre de cancers dépistés est plus important, mais la survie de ces patients n'est pas plus élevée. En effet, qu'ils soient dépistés tôt par radio annuelle ou tardivement, les malades finissent par mourir à plus ou moins brève échéance. En conclusion, le dépistage par radio assure un diagnostic plus précoce mais qui reste insuffisant pour assurer la guérison. C'est ainsi que le scanner spiralé entre en jeu. Il s'agit d'une imagerie de très haute technologie délivrant de faibles quantités de rayonnement et capable d'identifier des tumeurs beaucoup plus petites, à l'évidence accessibles aux traitements. Sa supériorité par rapport à la radio est très nette : le scanner spiralé permet de découvrir six fois plus de cancers au stade 1 (le plus précoce) par rapport à la radio classique.Reste toutefois à prouver si cette technique permet bien de diminuer la mortalité par cancer du poumon à long terme. C'est notamment une des raisons pour laquelle on ne recommande pas encore le dépistage systématique de tous les fumeurs de plus de 50 ans à l'aide de cette technique. De plus, il est indispensable d'en évaluer au préalable la réelle efficacité et la sécurité. Il faudra mesurer avec précision les doses d'irradiation reçues par les patients et bien définir les explorations complémentaires, car nombre de nodules suspects seront dépistés et il faudra bien vérifier leur caractère anodin…En attendant, on peut conseiller aux personnes de plus de 50 ans qui ont un antécédent de 15 années de tabagisme de réaliser au cas par cas en accord avec leur médecin, un scanner à faible dose de rayonnement.

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Source : Étude pilote Dépiscan coordonnée par le Pr Antoine Flahault, directeur de l'Unité Inserm 707, chef du département de santé publique de l'hôpital Tenon, Paris.