Le tabac ne représente que des coûts pour la collectivité!
On lit ça et là que le tabac, grâce aux taxes qu'il rapporte à l'Etat, n'est finalement pas si coûteux que cela pour la collectivité. Cette assertion relève davantage de la désinformation comme le rappelle Clive Bates (directeur de « Action on Smoking and Health », au Royaume Uni) dans une lettre adressée au très sérieux British Medical Journal. Dans un article d'actualité, cette très sérieuse revue scientifique s'est faite l'écho d'une étude économique menée par le non moins sérieux cabinet international Arthur D. Little en République Tchèque, qui a fait grand bruit lors de sa publication.
Cette étude conclut en effet que les décès prématurés des fumeurs permettent à la collectivité de faire des économies, notamment sur les dépenses médicales, les retraites ou les coûts de maintien à domicile des personnes âgées. Face à ces économies, les auteurs de cette étude opposent les coûts médicaux imputables au tabac ainsi que le manque à gagner en taxes, pour la collectivité, à la suite du décès prématuré d'un bon nombre de fumeurs. Et de conclure que grâce au tabac, l'Etat tchèque a fait en 1999, année de l'étude, une économie de plus d'un milliard de francs (plus de 150 millions d'euros).Cette étude a été commanditée par Philip Morris… entreprise qui est massivement présente sur le marché tchèque depuis une dizaine d'années et possède désormais 80 % de l'ex-entreprise nationale Tabak; son objectif en réalisant cette étude était de répondre au gouvernement tchèque qui dénonce aujourd'hui la croissance très forte des coûts en soins imputables au tabagisme.
La principale critique faite à cette étude par Clive Bates est la suivante: considérer que les taxes prélevées sur le tabac constituent un apport net pour la collectivité est une erreur économique. En effet, si cet argent n'était pas dépensé par les fumeurs dans le tabac, il serait consacré à d'autres achats qui eux-mêmes apporteraient des taxes, certes moins importantes, mais aussi des recettes pour d'autres secteurs de la vie économique. Et bien entendu, dans un tel contexte, les dépenses de santé seraient très considérablement réduites.Enfin, cette étude néglige aussi de prendre en compte la perte en productivité que représentent les nombreux épisodes de maladies liées au tabac et les décès prématurés. Bref, d'autres études, non commanditées par l'industrie du tabac ont clairement démontré que le tabac coûte davantage à la collectivité qu'il ne lui rapporte. Il est utile de le rappeler !
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