Une autre première française : l'infarctus du myocarde
Les réactions de rejet rendent l'administration de tissu fœtal dans le cœur sujette à échec. Or l'infarctus reste une des premières causes de décès dans nos pays, essentiellement par insuffisance cardiaque. Les cellules détruites ne pouvant se contracter, diminuent la puissance de la pompe cardiaque et entraînent un engorgement de sang dans la circulation pulmonaire (essoufflement et œdème pulmonaire). D'où l'idée d'injecter directement dans le muscle cardiaque (au cours d'une intervention chirurgicale) des cellules capables de se multiplier sur place puis de se contracter afin de remplacer les cellules endommagées. Le plus simple est de prélever par une simple biopsie sous anesthésie locale des cellules du muscle squelettique (par exemple celui des membres inférieurs qui nous sert à marcher), de séparer et faire se multiplier en laboratoire les cellules souches les plus immatures (qui peuvent le mieux se multiplier) et de les injecter dans le muscle cardiaque dans la cicatrice de l'infarctus.
La première application clinique mondiale de cette technique a eu lieu le 15 juin 2000 en France (Philippe Menasché, Hôpital Bichat). Il s'agit du premier patient d'une série de 9 inclus dans une étude de phase I promue par l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (services de cardiologie, Hôpital Georges Pompidou, et de chirurgie cardiaque, Hôpital Bichat, Paris). Les cellules sont obtenues par biopsie de la cuisse. Les injections sont faites dans la cicatrice de l'infarctus lors de la chirurgie de pontage coronaire systématiquement associée. Les résultats obtenus chez les premiers patients sont prometteurs, notamment en ce qui concerne l'amélioration de la fonction cardiaque. Aucun patient ne peut actuellement bénéficier de cette technique sans entrer dans le protocole thérapeutique (Loi Huriet).
Autres espoirs
Les applications de la thérapie cellulaire en médecine ne se sont pas limitées au cœur et au cerveau: des tentatives ont également été réalisées sur le foie (dans l'attente de transplantation hépatique), pour le diabète (avec des cellules du pancréas), les maladies musculaires héréditaires (myopathies)… Mais c'est l'emploi de cellules d'embryons qui semble le plus prometteur. En effet, lors de la formation de l'embryon humain apparaissent des cellules dites « totipotentes », c'est-à-dire que sous l'influence de divers paramètres (milieu nutritif par exemple), elles peuvent donner naissance à n'importe quel type de cellules (nerveuses, cardiaques, hépatiques…). Ces cellules peuvent être obtenues en laboratoire lors de fécondation in vitro par exemple. On conçoit que leur utilisation fasse aujourd'hui l'objet d'un moratoire à l'échelle mondiale, car si on pressent bien leur intérêt thérapeutique potentiel, on imagine également les problèmes éthiques posés par la création d'embryons dans ce simple but…
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.
Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.