Toxicomanie : bon bilan pour les substituts méthadone et Subutex
Autorisés depuis 1995, la place des deux substituts aux opiacés que sont la méthadone et le buprénorphine (Subutex) dans le traitement de la dépendance à l'héroïne, a été examinée lors de la conférence de consensus organisée par l'Anaes (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé). Le bilan est très encourageant.
En moins de dix ans, le nombre de patients recevant un de ces substituts est passé de quelques dizaines à près de 100.000. Près de 80% sont sous Subutex prescrit par les médecins généralistes, et 20% sous méthadone dispensée uniquement dans les centres de soins spécialisés en toxicomanie (CSST) et depuis 2002 dans les hôpitaux.
Ces médicaments ont contribué à favoriser l'accès aux soins et à réduire mortalité, morbidité et dommages sociaux.Le nombre de décès par overdose a été divisé par cinq. Côté grossesse, on constate trois fois moins de prématurité. Les patients « injecteurs » sont six fois moins nombreux qu'en 1995. Près de 3.500 vies ont été sauvées. Plus de 50% des patients ont une meilleure situation sociale. Trois patients sur quatre estiment « s'en être sortis » et plus de deux sur trois déclarent une meilleure qualité de vie.
Il existe cependant encore des obstacles. L'accès aux soins est inégalitaire selon les zones géographiques. Par exemple, en 2002, huit départements n'avaient pas de CSST, tandis que onze autres, pourtant dotés de CSST, ne prescrivaient pas de méthadone. Les personnes en situation précaire sont souvent exclues de ce système de substitution. Et enfin, la méthadone est toujours sous-prescrite par rapport au Subutex.
Reste un problème majeur, le détournement des produits. Le Subutex, prescrit par certains médecins de ville, est réduit en poudre pour être consommé avec d'autres médicaments ou être revendu au marché noir.
Ces problèmes ne doivent cependant pas remettre en cause cette politique de substitution, mais être surmontés.
Les participants au consensus ont également bien souligné que le traitement ne se résume pas à la substitution. La prise en charge doit être globale avec un versant psychologique, social et familial.
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