Traitement “inversant” les avortements : l’étude stoppée après 3 hémorragies

Certains états américains proposent un traitement inversant les effets des pilules abortives aux femmes prises de doute. Une étude destinée à vérifier l'efficacité de cette pratique a dû être arrêtée prématurément pour des raisons de sécurité.
© Istock

Les femmes qui tentent de contrecarrer les effets d’une prise de pilule abortive peuvent avoir de graves hémorragies, préviennent des chercheurs de l’université de Californie à Davis (UC Davis Health). Ils lancent cette alerte après avoir dû mettre un terme à leur étude sur le traitement expérimental pour inverser les avortements médicamenteux proposés dans 6 États américains. 

Une expérience stoppée rapidement après 3 hémorragies

Lors d’un avortement médicamenteux, il faut prendre deux médicaments (la mifépristone et le misoprostol) à maximum 48 heures d’intervalle. Des groupes pro-life assurent que les femmes qui ont changé d’avis après la première gélule, peuvent prendre de la progestérone pour arrêter le processus d'avortement. 

Pour vérifier ces propos, les scientifiques ont cherché 40 femmes ayant prévu un avortement par aspiration qui acceptent de participer à leurs travaux. Avant l’intervention, les participantes devaient prendre du mifepristone. Il leur était ensuite remis aléatoirement un placebo ou de la progestérone

L’étude a finalement dû être stoppée prématurément en juillet. Trois des 12 femmes ayant accepté de participer à la recherche, ont dû être hospitalisées pour d’importants saignements. Deux d'entre elles avaient pris un placebo et une de la progestérone. 

En raison de la durée et l’échantillon limités de la recherche, l’équipe n’a pas pu quantifier l'ampleur du risque d'hémorragie. Néanmoins, Mitchell Creinin, l’auteur principal de la recherche et professeur d'obstétrique et de gynécologie et directeur du planning familial de l’université Davis explique "Les femmes qui utilisent la mifépristone pour un avortement médicamenteux, doivent savoir que ne pas prendre le misoprostol pourrait entraîner une hémorragie sévère, même avec un traitement à la progestérone".

Compte tenu des événements, Ils ne peuvent pas non plus dire si prendre de la progestérone entre les deux pilules abortives inverse le processus. 

IVG médicamenteux : les scientifiques mettent en garde contre la progestérone 

Aux USA, 6 États américains ont fait voter des lois obligeant les professionnels de la santé de dire aux patientes qu’un traitement à la progestérone peut stopper l’avortement si elles changent d’avis. L’équipe met en garde contre cette consigne.

Mitchell Creinin rappelle : "Pour le moment, les preuves sont toujours insuffisantes pour soutenir ou infirmer les avantages et les risques du traitement à la progestérone pour arrêter un avortement médicamenteux après la prise de mifépristone". Il a ensuite ajouté "Les lois ne devraient pas imposer de conseiller ou fournir des traitements ayant la prétention d'inverser l'avortement lorsque son efficacité et son innocuité ne sont pas claires".


IVG médicamenteuse et IVG par aspiration : les délais

En France, les femmes qui souhaitent mettre un terme à leur grossesse, peuvent avoir recours à deux techniques d'interruption volontaire de grossesse (IVG) :

  •  l'IVG par aspiration : elle est autorisée jusqu'à 14 semaines d'aménorrhée (à compter du début des dernières règles) ou 12 semaines de grossesse (à partir de la date de fécondation). 
  • l’IVG médicamenteuse : elle est autorisée jusqu'à 7 semaines d'aménorrhée ou 5 semaines de grossesse.

Avortement médicamenteux : comment cela se déroule ?

L'IVG médicamenteuse peut se faire à domicile, sans hospitalisation, par l'intermédiaire d'un médecin ou une sage-femme. Elle se passe en deux temps. La patiente prend tout d’abord un comprimé de mifépristone (Mifegyne®, Miffee®). Cela interrompt la grossesse en stoppant le fonctionnement du placenta en formation. 

Dans un délai de 24 à 48 heures, elle doit prendre un deuxième médicament : le misoprostol (Gymiso®, Misoone®). Il permet l'expulsion de l'embryon. 

Une visite de contrôle permet ensuite de vérifier l'interruption de la grossesse.  Cette méthode ne nécessite ni anesthésie ni intervention chirurgicale.

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Source : First of its kind study seeks to answer whether effects of 'abortion pill' can be reversed. Eurekalert, 5 décembre 2019