Troubles cardiovasculaires : les règles précoces augmenteraient le risque

Toutes les femmes n'ont pas le même cycle reproductif. Celles qui entrent plus tôt dans la puberté seraient plus à risque cardiovasculaire, d'après une étude.
© Istock

Le cœur des femmes serait-il lié à leurs hormones ? Le cycle reproductif semble, en tout cas, jouer un rôle dans le risque cardiovasculaire. Les femmes chez qui la puberté ou la ménopause se sont déclenchées précocement seraient plus à risque de maladie qui touche le cœur ou les artères d'après une étude parue dans la revue Heart.

Ces travaux s'appuient sur le suivi d'un demi-million de volontaires britanniques. Ceux-ci ont fourni des échantillons biologiques divers et précisé dans le détail leur historique médical. Bon nombre étaient en bonne santé cardiovasculaire à leur entrée dans l'étude.

Au terme de l'étude, en 2010, 9 000 participants avaient souffert d'un incident cardiovasculaire (infarctus, AVC, etc). Parmi eux, un tiers étaient de sexe féminin. On sait déjà que les femmes doivent prêter attention à trois phases de leur vie hormonale : le début de la prise de contraception, la grossesse et la ménopause.

Pour un dépistage plus régulier

Mais certaines devraient se montrer particulièrement attentives. Car toutes les femmes ne sont pas exposées au même risque, comme l'ont observé les chercheurs. Les règles précoces – survenues avant l'âge de 12 ans – sont par exemple associées à un risque accru d'incident cardiovasculaire (10 %) par rapport à une puberté déclarée après 13 ans.

La ménopause précoce semble elle aussi être un facteur de risque. Les femmes dont les règles se sont arrêtées avant 47 ans sont un tiers plus à risque de maladie cardiovasculaire. La probabilité de faire un AVC est encore plus élevée.

Mais les rythmes menstruels ne sont pas les seuls paramètres à prendre en compte. Certaines complications de la grossesse, comme une fausse-couche ou le fait d'accoucher d'un enfant mort-né, ont également été associées à un risque cardiovasculaire accru.

Ces résultats plaident clairement en faveur d'un dépistage régulier des femmes qui correspondent à ces profils, selon les auteurs. "Il pourrait être utile aux femmes dont le cycle reproductif a démarré précocement, ou qui ont connu des difficultés lors de leur grossesse, dans la mesure où cela pourrait retarder la survenue d'une pathologie cardiovasculaire, voir la prévenir", écrivent-ils en conclusion de leur étude.

Une heure de retard aux urgences

De fait, le dépistage et la prévention des maladies cardiovasculaires est clairement à la traîne quand il s'agit du sexe féminin. En France, ces pathologies sont la première cause de mortalité des femmes. Elles tuent huit fois plus que le cancer du sein.

"Les études montrent que les femmes arrivent dans les services d'urgence une heure plus tard que les hommes, souligne le Pr Claire Mounier-Vehier, président de la Fédération Française de Cardiologie sur son site. C'est une véritable perte de chance, car les femmes se remettent plus difficilement."

L'étude ne permet pas d'expliquer pourquoi ces événements dans la vie reproductive sont associés à un tel risque. Mais les auteurs avancent quelques pistes, ébauchées par d'autres travaux.

Les menstruations précoces ont, par exemple, été liées à plus d'obésité chez l'enfant et l'adulte. Pour ce qui est des complications de la grossesse, le lien pourrait être expliqué par des troubles vasculaires sous-jacents, mais aussi une inflammation généralisée. Autant d'hypothèses qui mériteraient d'être creusées, afin de mieux identifier les mécanismes à l'œuvre.

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Source : Women’s reproductive factors and incident cardiovascular disease in the UK Biobank, Sanne AE Peters et Mark Woodward, Heart. 15 janvier 2018
Risque cardiovasculaire chez les femmes, Fédération Française de Cardiologie