Allaitement : il profite à la santé cérébrale du bébé
Le lait maternel bénéficie à la santé du bébé. Il est reconnu que l’allaitement exclusif favorise son développement optimal pendant six mois, protège le nouveau-né de certaines maladies comme des infections gastro-intestinales, mais aussi, dans une moindre mesure, des infections ORL et respiratoires, selon la Haute Autorité de Santé.
Ce que l’on ignorait jusqu'ici, c’était l’influence exercée par cette pratique sur le développement du cerveau. Des chercheurs de l’Université du Colorado, aux Etats-Unis, nous éclairent sur le sujet, mettant en lumière l’impact positif du lait maternel sur le développement du cerveau de l’enfant. Leurs conclusions, parues le 13 décembre 2023 dans la revue Metabolic Health and Disease suggèrent que les bébés allaités ont de meilleurs résultats aux tests cognitifs, moteurs et linguistiques à l’âge de deux ans, que les bébés nourris au lait maternisé.
Cette influence positive était notable aussi lorsque l’allaitement était mixte, c’est-à-dire que le lait maternel était complété par du lait maternisé.
L'allaitement, même partiellement associé à un allaitement au biberon, modifie la composition chimique de l'intestin d'un nourrisson. Ce processus interfère positivement sur le développement cérébral dans les deux premières années de vie.
"Pour celles qui ont du mal avec l'allaitement exclusif, cette étude suggère que votre bébé peut quand même bénéficier significativement si vous allaitez autant que possible", a réagi dans un communiqué Tanya Alderete, l'auteure principale de l’étude et professeure adjointe de physiologie intégrative à l'Université du Colorado.
L’alimentation joue sur la diversité du métabolome fécal
Les chercheurs sont parvenus à ce constat en examinant le "métabolome fécal" (la communauté de métabolites logés dans l'intestin et dans les selles) issu de 112 nourrissons âgés de 1 à 6 mois.
Les métabolites sont de petites molécules que l’on retrouve dans le lait maternel et dans le lait maternisé, produites par les bactéries intestinales lors de la transformation (métabolisation) des aliments. Les nourrissons étaient répartis en fonction de la quantité d'allaitement au sein par rapport à l'alimentation au biberon.
À l'âge de 2 ans, les enfants ont passé des tests cognitifs, moteurs et linguistiques.
L’analyse des échantillons de selles a révélé que la façon dont était alimenté le bébé modifiait la diversité des métabolites présents.
Le cholestérol associé à de meilleurs tests cognitifs
14 métabolites spécifiques ont été associés à des différences de scores aux tests à l'âge de 2 ans. Dans le détail, plus les selles d'un bébé étaient riches en métabolites associés au lait maternel, plus ils performaient aux tests cognitifs.
Fait intéressant, plus un bébé était allaité, plus il présentait de cholestérol dans ses selles. Or ce cholestérol a aussi été corrélé à de meilleurs scores aux tests cognitifs. Cette association s’explique bien, selon les chercheurs : ce lipide est essentiel pour former des connexions saines entre les neurones, alors que c’est au cours des deux premières années de vie que se développe 80 à 90 % du volume cérébral.
Une piste pour améliorer le lait maternisé
Cette étude devrait conforter les partisans de l’allaitement maternel. Tanya Alderete espère d’ailleurs que ces résultats incitent les fabricants à améliorer le lait maternisé pour le rendre aussi proche que possible du lait maternel. Pour autant, ces travaux ne doivent pas pour autant faire culpabiliser les parents qui ne recourent pas à l'allaitement, qui reste un choix personnel. Les chercheurs prennent soin de préciser que ne pas allaiter un enfant ne signifie pas que cela nuit à son développement cérébral. "Les schémas d'alimentation précoce ne sont qu'un des nombreux facteurs qui contribuent au développement cérébral", rappelle l’étude.
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