Androcur : pourquoi il faudra signer une décharge avant de prendre ce médicament
Une simple ordonnance ne suffira bientôt plus pour prendre un médicament à base d’acétate de cyprotérone. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) annonce en effet dans un point d’information daté du 3 décembre 2018 que le médicament Androcur® et ses génériques, suspecté d’augmenter les risques de méningiome, une forme de tumeur au cerveau, pourrait être délivré uniquement contre un formulaire annuel d’accord de soins. Celui-ci devra être co-signé par le ou la patient·e et son médecin prescripteur "afin de susciter l’échange" entre ces deux parties, précise l’ANSM.
Informer les patients et les médecins
En parallèle, l’ANSM prévoit la diffusion d’un document d’information portant sur les risques de méningiome liés à l’utilisation de ces médicaments "à destination des utilisateurs actuellement traités ou envisageant un traitement par acétate de cyprotérone", l’envoi d’un courrier à toutes les personnes traitées au cours des 24 derniers mois et à tous les médecins ayant prescrit de l’Androcur® sur cette même période.
En octobre 2018, déjà, l’ANSM publiait de nouvelles recommandations concernant la prise de ce médicament, dont la réévaluation annuelle de la posologie, la proscription des utilisations prolongées et à forte doses mais aussi la mise en place d’une surveillance radiologique du cerveau par IRM (Imagerie par Résonnance magnétique) en début de traitement puis tous les cinq ans.
Ne pas arrêter son traitement
L’ANSM a également mis en place depuis septembre 2018 un numéro vert à destination des patient·e·s et de leur entourage : le 0 805 04 01 10, dont l’appel est gratuit du lundi au vendredi de 9h à 19h. Les personnes sous Androcur® sont invitées à contacter ce numéro ou à se rapprocher de leur médecin mais "ne doivent en aucun cas arrêter leur traitement sans l’avis d’un médecin" rappelle l’ANSM.
Méningiome et séquelles neurologiques
Pourquoi autant de précautions ? L’Androcur®, indiqué notamment chez la femme en cas de maladies hormonales se manifestant par une augmentation du système pileux est associé à un risque accru de méningiome. Il s'agit d'une tumeur du cerveau qui se développe au niveau des méninges, une enveloppe fibreuse située à la face interne de l’os du crâne. Si le méningiome est bénin dans 70 à 80% des cas, il peut tout de même occasionner de lourdes séquelles car la compression qu’exerce la tumeur sur les tissus cérébraux peut avoir "des conséquences neurologiques sévères qui pourront conduire au handicap voir même menacer [la] vie [du patient]", précise la Société Française de Neurochirurgie sur son site internet.
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Intervention pour exérèse d’un méningiome de la fosse cérébrale postérieure, Société Française de Neurochirurgie, page consultée le 4 décembre 2018