Antidouleurs opioïdes : l'ANSM appelle à rester vigilant face au nombre croissant de décès
A la différence des autres antalgiques (paracétamol, aspirine...), les opioïdes, dont les effets sont similaires à ceux de l'opium, peuvent entraîner une forte dépendance. Cependant, une surdose peut provoquer la mort par arrêt respiratoire. L'Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) révèle une augmentation de la consommation des antalgiques opioïdes en France dans son rapport publié le 20 février 2019. C'est un état des lieux très attendu de ces médicaments antidouleurs dans la mesure où ils sont à l'origine actuellement d'une grave crise sanitaire aux États-Unis et au Canada. Chaque jour, près de 200 Américains meurent d'un surdosage aux opioïdes.
Une augmentation du nombre d'intoxications et de décès
L'ANSM informe dans son rapport une augmentation du mésusage, ainsi que des intoxications et des décès liés à l'utilisation des antalgiques opioïdes en France, qu'ils soient faibles ou forts.
Les opioïdes faibles sont les suivants :
- Tramadol
- Codéine
- Poudre d'opium
Les opioïdes forts :
- Morphine
- Oxycodone
- Fentanyl
D'après les données de l'assurance maladie, près de 10 millions de français ont eu une prescription d'antalgique opioïde en 2015, et la prescription d'opioïdes forts a augmenté d'environ 150% entre 2006 et 2017. L'oxycodone est l'antalgique opioïde qui marque l'augmentation la plus importante.
En 10 ans, le nombre annuel d'intoxications par des antalgiques opioïdes a doublé. Au total, 2 762 accidents de ce type ont été signalés entre 2005 et 2016. Le nombre d’hospitalisations a augmenté de 167% depuis 2000, concernant en 2017 près de 2 600 personnes. Une surdose des antalgiques opioïdes peut être fatale : le nombre de décès a augmenté de 146% entre 2000 et 2015. Désormais, quatre personnes meurent chaque semaine d'une surdose d'antidouleur opioïde en France.
Parmi les antalgiques opioïdes ayant causé le plus de décès en 2016, on retrouve :
- le tramadol : 37 décès
- la morphine : 22 décès
- la codéine : 16 décès
- l'oxycodone : 8 décès
Qu'ils soient faibles ou forts, les antalgiques opioïdes provoquent le même problème : une forte dépendance physique peut s'installer, le patient augmente donc les doses pour ressentir les mêmes effets. Le Professeur Nicolas Authier, chef du service de pharmacologie médicale du CHU de Clermont-Ferrand et directeur de l'Observatoire français des médicaments antalgiques informe au Figaro : " Nous voyons des patients qui peuvent prendre jusqu’à 50 ou 60 comprimés par jour, là où il ne faudrait pas excéder 6 ou 8 comprimés"
L'ANSM rappelle donc que l'enjeu pour les autorités sanitaires françaises consiste à sécuriser au mieux l'utilisation des antalgiques opioïdes sans restreindre leur accès aux patients qui en ont besoin.
Certaines personnalités plus à risque d'addiction aux opioïdes
S’il n’est pas question de priver certains patients d’opioïdes forts, certaines personnalités sont plus à risque d’addiction et/ou de mésusage aux opioïdes. Son "portrait-robot" pourrait reprendre les caractéristiques suivantes : un sujet jeune (16-45 ans), de sexe masculin , présentant des troubles psychiatriques associés (trouble anxieux chronique, dépression, schizophrénie, trouble de l'attention, trouble bipolaire, trouble obsessionnel compulsif) et/ou des antécédents d’abus familiaux ou personnels de substances psychoactives.
Pr Nicolas Authier : "Si l’une des caractéristiques de vulnérabilité au risque d’addiction et de mésusage est présente les antalgiques opioïdes conservent leurs indications mais notre vigilance devra être accrue pour repérer tout glissement vers un mésusage voire une addiction, avec une recherche active de comportements aberrants (nomadisme médical et pharmaceutique, chevauchement ou falsification d’ordonnances etc.)"
En obtenir par tous les moyens
En Europe, la France reste toutefois le pays avec la consommation d'opioïdes "forts" la plus faible.
Les personnes en manque sont même de plus en plus nombreuses à obtenir ces opioïdes auprès de vétérinaires, selon une étude à paraître en septembre 2018 dansl'American Journal of Public Health. Parmi les 189 vétérinaires américains interrogés,13% savaient qu'un client avait intentionnellement blessé ou rendu malade un animal afin d'obtenir des médicaments opioïdes
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