Cancer du sein métastasé : mieux vaudrait éviter le palbociclib (Ibrance®)

Deux essais cliniques remettent en cause l'intérêt d'un nouveau traitement du cancer du sein métastasé. Le palbociclib (Ibrance®) provoquerait de lourds effets secondaires pour un bénéfice mineur par rapport aux anticancéreux seuls.
© Istock

Quand les effets secondaires sont trop lourds. D'après les résultats de deux essais cliniques, le palbociclib (Ibrance®), un nouveau traitement du cancer du sein métastasé, devrait être utilisé avec prudence. Le médicament n'aurait pas d'effet majeur sur la survie des patientes, et provoquerait des effets indésirables graves, rapporte la revue Prescrire dans son dernier numéro.

Mieux vaudrait donc se fier aux anticancéreux déjà sur le marché qui comportent la même indication que le palbociclib : les cancers du sein dépendants aux hormones, sans récepteur HER2 et métastasés. Car le médicament pointé du doigt n'est pas utilisé seul, mais en combinaison avec d'autres thérapies hormonales. Or, d'après les derniers essais cliniques, le bénéfice apporté par cette double approche est mineur.

Plus alarmant : l'ajout du palbociclib dans la stratégie thérapeutique aurait tendance à dégrader l'état des patientes. Celles-ci tolèreraient moins bien leur traitement en présence de la molécule. Ce qui se traduidrait par plus d'effets indésirables, parfois graves. Les essais cliniques mettent en évidence des cas d'atteintes hématologiques, d'alopécies, mais aussi une éventuelle toxicité pour les poumons et le foie.

Un coût trop élevé

L'attention prêtée à ces symptômes est d'autant plus importante que la commercialisation du palbociclib est encore très récente. La France ne l'a autorisé dans le cancer du sein qu'en novembre 2016, et il vient d'obtenir son sésame au Royaume-Uni. Les autorités sanitaires ont d'ailleurs pris en compte cette mauvaise tolérance.

La Haute Autorité de Santé (HAS), chargée d'évaluer les nouveaux médicaments, a conclu que le palbociclib apportait une amélioration "mineure" par rapport aux traitements existants. En cause, notamment, le nombre accru d'effets secondaires lorsque la molécule est ajoutée à la prescription. En 2016, environ 20 % des patientes en souffraient, contre 12.6 % quand elles bénéficiaient du traitement classique.

Malgré ces manifestations lourdes, plusieurs méta-analyses estiment que le palbociclib a de bonnes chances d'améliorer la survie des femmes atteintes de cancer du sein. Mais une analyse canadienne a soulevé une autre question clé : son coût. Dans ce pays, le recours au palbociclib n'est pas jugé utile, car trop coûteux pour trop peu de bénéfices.

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Source : "Palbociclib (Ibrance°) et cancer du sein inopérable ou métastasé" Rev Prescrire 2017 ; 37 (410) : 901.