La chirurgie mini invasive
Quand la médecine rencontre la technologie… L'utilisation de l'imagerie médicale en chirurgie a révolutionné les interventions. Appliquée dans son usage habituel (IRM, radiographie, échographie), elle permet de mieux visualiser l'intérieur du corps. Combinée à un acte chirurgical, elle est à la source de la chirurgie mini invasive qui s'est développée depuis une dizaine d'années en France. En plein essor, cette nouvelle technologie concerne à présent de plus en plus de spécialités. Elle modifie l'approche de l'intervention. Fini les larges ouvertures, une simple incision suffit et présente l'avantage de ne plus traumatiser le corps. Moins d'effets post-opératoires, une meilleure récupération, les patients n'en tirent que des bienfaits.
La révolution de l'endoscope
Le principal outil utilisé pour la chirurgie mini invasive est l'endoscope. Votre corps est filmé de l'intérieur grâce à ce tube optique muni d'éclairage. Une petite incision de 5 à 15 millimètres suffit à le mettre en place. Il laisse passer les instruments chirurgicaux miniaturisés nécessaires à l'opération et le matériel vidéo. Tout a été prévu pour s'adapter au diamètre de l'endoscope. Le médecin peut alors suivre l'intervention en direct sur un écran. Vos organes deviennent les vedettes d'un film dont le médecin achève le scénario au fil des minutes.
Mini invasive mais maxi précision
Sur l'écran, l'image apparaît grossie jusqu'à 15 fois, ce qui confère une meilleure visibilité au chirurgien. Une fibre optique, reliée à une caméra, permet de surveiller des gestes qui sont millimétrés. La chirurgie mini invasive a développé une technologie qui a affiné la précision des interventions. La marge d'erreur est réduite et le champ opératoire est plus distinct. Seule contrainte pour les chirurgiens : apprendre à se former à ces nouvelles techniques pour se familiariser avec le maniement des instruments opératoires avec la difficulté de ne pas lâcher l'écran des yeux. Le travail de formation doit encore se généraliser pour faire de l'usage de la chirurgie mini invasive la norme.
Traumatisme opératoire allégé
Les opérations classiques requièrent de grandes ouvertures aux scalpels qui maltraitent le corps. Les tissus et les nerfs sont endommagés et mettent du temps avant de se reconstituer. La chirurgie mini invasive offre un confort au patient en limitant les douleurs post-opératoires et les risques de saignements importants. 'L'agressivité du geste chirurgical est minimisée et l'intervention devient moins traumatisante', explique le professeur Yves Panis, chef de service de chirurgie digestive colorectale à l'hôpital Beaujon (AP-HP). Les risques d'infections sont réduits. Le temps des interventions est diminué, ce qui allège les anesthésies et permet un rétablissement plus rapide du patient.
Récupération optimale
Le temps de récupération est amélioré pour favoriser le retour à une activité normale. Des opérations, pourtant lourdes, mais qui ne nécessitent pas plus d'une semaine d'hospitalisation, notamment dans le cas d'une laparoscopie utilisée dans le traitement du cancer colorectal. 'En pratique, un patient qui entre à l'hôpital le lundi matin, subit quelques examens, est opéré le mardi et sort 5 à 7 jours après son admission, dans le cas d'un cancer colique droit ou gauche contre 7 à 10 jours après une chirurgie conventionnelle par laparotomie,' explique le professeur Panis.
Une chirurgie ambulatoire…
La réduction du temps d'intervention et de récupération post-opératoire mène à une chirurgie ambulatoire où le patient entre le matin à l'hôpital pour en ressortir le soir. Un progrès médical qui limite l'impact d'une opération sur le quotidien. La tendance est à l'augmentation des interventions en chirurgie ambulatoire, notamment pour la chirurgie des yeux ou la gynécologie. Pas question de laisser le patient sans surveillance. Le suivi médical permet d'encadrer la douleur et de parer aux complications potentielles.
Gynécologie : une pionnière des techniques d'imagerie
Les premiers pas de la chirurgie mini invasive ont été menés dans le domaine de la gynécologie. La coelioscopie, qui consiste à faire passer l'endoscope par l'abdomen par trois petites incisions, a pu être utilisée dans de nombreuses interventions gynécologiques comme l'hystérectomie, l'ablation d'un kyste ovarien, le traitement d'une grossesse extra-utérine ou le traitement d'une descente d'organe (un prolapsus). En plus du confort apporté à la patiente en limitant les traumatismes opératoires, la chirurgie mini invasive en gynécologie préserve au maximum les possibilités d'avoir un enfant par la suite.
Idéal pour les enfants
La chirurgie mini invasive est un progrès médical dans le domaine de la pédiatrie. Les opérations classiques souvent lourdes peuvent être traumatisantes pour les plus petits. Les instruments miniaturisés s'adaptent parfaitement à la morphologie des enfants et ne créent pas de lésions abdominales. La chirurgie mini invasive permet actuellement d'effectuer l'ablation d'un rein ou de procéder à une chirurgie reconstructrice. Elle est également indiquée pour soigner les testicules intra-abdominaux. 'De surcroît, l'enfant récupère plus facilement, retourne plus vite à la maison, retrouve plus tôt sa famille…et 'rate' l'école moins longtemps', note le professeur Alaa El-Ghoneimi, chef de service de Chirurgie Viscérale et Urologie Pédiatrique à l'hôpital Robert Debré (AP-HP).
Chirurgie abdominale : ouvrir moins, soigner mieux
La laparoscopie englobe de nombreuses interventions dans la chirurgie de l'abdomen. Appendicite, ablation de la vésicule biliaire ou retrait des calculs, chirurgie de l'estomac pour traiter les reflux gastro-oesophagien, chirurgie de l'obésité… La chirurgie mini invasive continue d'évoluer pour développer de nouvelles techniques innovantes. La chirurgie rénale à destination des enfants fait son apparition, quant à elle, dans les années 90. 'Ces interventions, praticables chez des enfants de tout âge, sont aujourd'hui bien codifiées et permettent d'effectuer les mêmes gestes que dans la chirurgie classique, à ciel ouvert, avec des résultats fonctionnels équivalents, souligne le professeur Alaa El-Ghoneimi. Elles donnent de très bons résultats, tout en réduisant la durée de l'hospitalisation de moitié.'
Neurochirurgie : des techniques en plein essor
Le cerveau n'est pas laissé pour compte dans la chirurgie mini invasive. La neuroendoscopie est effectuée aujourd'hui dans trois applications. Tout d'abord deux interventions pour traiter différents types de tumeurs (l'une au niveau de la base du crâne, l'autre des ventricules cérébraux). Et l'hydrocéphalie qui se traduit par une accumulation du liquide céphalo-rachidien dans les cavités du cerveau. Une opération classique consistait à mettre une valve de dérivation du liquide en place. L'intervention présentait deux inconvénients : introduire un corps étranger dans le cerveau et l'usure de la valve. La chirurgie mini invasive résout l'équation. 'Il est possible de traiter les enfants dès leurs premiers mois de vie, intervient le professeur Philippe DECQ, du service de neurochirurgie de l'hôpital Henri Mondor (AP-HP). Les adultes qui ont eu une valve dans leur enfance bénéficient également de cette avancée. À l'occasion d'une révision ou d'un dysfonctionnement du système, on peut désormais supprimer leur ancienne valve et traiter directement la maladie par endoscopie.'
Une nouvelle prise en charge du cancer colorectal
La laparoscopie s'oriente avec succès vers le traitement du cancer colorectal qui touche 36 000 personnes chaque année en France. La technique de traitement du cancer du côlon par laparoscopie n'est pas encore généralisée malgré les bons résultats obtenus. 'Si le bénéfice de la laparoscopie est manifeste, cette technique est encore loin d'être la règle dans le traitement des cancers colorectaux, nuance le professeur Yves Panis. Le taux de laparoscopie dans cette indication, insuffisante, va de 17/19 % à près de 50 % dans les équipes les mieux formées à cette technique.' La laparoscopie minimise pourtant l'impact de l'opération sur le corps. 'Le patient souffre moins et la reprise du transit s'effectue plus rapidement, précise le professeur. La morbidité postopératoire est réduite, avec moins d'occlusions et moins de complications.'
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