Des risques de saturnisme dans les départements du Val d’Oise et des Yvelines
Faut-il dépister le saturnisme chez les enfants du Val d’Oise et des Yvelines ? Dans un rapport mis en ligne le 15 octobre 2018, Santé Publique France et l’Agence Régionale de Santé (ARS) Île-de-France s’interrogent sur les risques de saturnisme infantile dans ces départements. Et pour cause : ces zones ont été le terrain d’épandage répété de boues et d’eaux usées au cours du siècle passé.
Des sols pollués au plomb
La zone préoccupante s’étend sur 4 620 hectares réunissant les plaines de Méry-sur-Oise/Pierrelaye, Achères et Carrières-sous-Poissy/Triel-sur Seine. "Certaines parcelles ont progressivement évolué en zones résidentielles avec l’implantation notamment de bâtiments accueillant des enfants ou d’habitations individuelles" note Santé Publique France.
Problème : les épandages répétés sur ces terrains ont entraîné une pollution diffuse des sols, notamment une pollution au plomb, un métal responsable de saturnisme s’il se retrouve en grande quantité dans l’organisme.
Des études menées depuis 2007 par l’ARS, le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (Siaap) et la Cellule interrégionale d’Epidémiologie (Cire) Île-de-France ont en effet mis en évidence la présence de plomb dans les sols "à des teneurs supérieures au bruit de fond régional". Ainsi, les valeurs de concentration de plomb dans les sols variaient de 24 à 690 milligrammes par kilogramme (mg/kg) avec une moyenne de 156,6 mg/kg, quand la valeur seuil en Île-de-France "au-delà de laquelle on considérait qu’il existait une pollution anthropique, a été établie à 53,7 mg/kg", note Santé Publique France.
Lavage des mains, des fruits et des légumes
Face à ces résultats, Santé Publique France conclue aujourd’hui "qu’il n’est pas possible d’exclure la survenue d’un effet sanitaire en lien avec la présence de plomb dans les sols pour les enfants de 0 à 6 ans du site" et émet un avis favorable à la mise en place d’un dépistage du saturnisme infantile et de mesures de réduction des expositions.
En attendant, pour limiter le risque d’intoxication au plomb, Santé Publique France recommande :
- De laver fréquemment les mains des enfants, particulièrement avant les repas, et de lui couper court les ongles ;
- D’entretenir régulièrement le domicile au moyen d’un ménage humide, y compris les balcons, les terrasses et les rebords des fenêtres ;
- De bien laver les fruits et légumes ramassés localement et de les éplucher avant de les consommer, de rester modéré sur leur consommation et de varier l’origine de ces aliments.
Les enfants de moins de six ans particulièrement concernés
Les enfants de moins de six ans constituent en effet une population particulièrement à risque d’intoxication saturnine, pour les raisons suivantes listées par Santé Publique France :
- Ils ingèrent plus souvent du plomb que les autres individus du fait de leur activité main-bouche ;
- La fraction du plomb ingéré qui est absorbée dans le tube digestif est plus importante chez l’enfant que chez l’adulte ;
- Le système nerveux des jeunes enfants est particulièrement sensible aux effets neurotoxiques du plomb.
Baisse du QI, retards de croissance et altération de l’humeur
Le saturnisme est le plus souvent silencieux. "Des signes cliniques peuvent se manifester, mais ils sont peu spécifiques : troubles digestifs vagues (anorexie, douleurs abdominales récurrentes, constipation, vomissements), troubles du comportement (apathie ou irritabilité, hyperactivité), troubles de l'attention et du sommeil, mauvais développement psychomoteur, pâleur en rapport avec une anémie" décrit l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sur son site internet. Ainsi, le diagnostic de l’intoxication au plomb ne peut être établi que par un dosage de la quantité de plomb dans le sang, appelée plombémie.
Chez les jeunes enfants, une intoxication au plomb peut entraîner un effet néfaste sur le développement intellectuel (baisse du QI), sur le comportement et l’humeur, sur l’acuité auditive, mais aussi des retards de croissance et des retards pubertaires.
Chez la femme enceinte, une intoxication au plomb est dangereuse pour le développement du foetus et pour le déroulement de la grossesse. Enfin, chez les adolescents et les adultes, un excès de plomb dans l’organisme augmente le risque de maladie rénale chronique et d’hypertension artérielle, altère la qualité du sperme et abaisse la fertilité masculine.
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Dossier d'information Saturnisme - Intoxication au plomb, Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), mis à jour le 15 août 2015