Endométriose : être grande et mince pendant l’enfance augmente les risques d’en souffrir
L'endométriose est une maladie gynécologique très douloureuse, ignorée pendant des années par le monde médical et le grand public. Sortie de l’ombre grâce à de nombreux témoignages de femmes qui en souffrent, elle fait maintenant l’objet de nombreuses études. L’une des dernières recherches publiées permet d’avancer que la taille et le poids pendant l’enfance est un indicateur des risques de développer la pathologie à l’âge adulte.
Endométriose : le poids, indicateur précoce de la maladie ?
Les femmes qui ont été grandes et fines pendant leur enfance, ont plus de risques de souffrir d’une endométriose. Les chercheurs des universités de Copenhague et de l’hôpital Fredriksberg sont parvenus à cette conclusion après avoir analysé les données de plus 170 000 femmes nées au Danemark entre 1930 et 1996. Ces informations provenaient d’un programme de santé national qui mesure et pèse tous les enfants de la capitale danoise de l'âge de 7 à 13 ans. Les scientifiques les ont ensuite croisées avec les dossiers médicaux de l’hôpital.
Au total, une endométriose avait été diagnostiquée chez 2149 femmes. De plus, 1410 avaient une adénomyose (une anomalie de la zone de jonction entre l'endomètre et le myomètre, présentée le plus souvent comme une forme d’endométriose interne).
L’équipe scientifique a découvert un lien entre l'indice de masse corporelle et la maladie, et plus précisément celui de l'enfance. En effet, les fillettes de 7 ans qui ont un poids normal ont 8% de moins de risques d’avoir de l’endométriose à l'âge adulte que celles pesant 2,3 kg de moins. Le Dr Jennifer Baker, coauteur de l’étude, a ajouté dans le Guardian “A 13 ans, pour deux jeunes filles d’une taille normale, celle qui pèse 6,8kg de moins à 6% plus de risques d’avoir la maladie.
La taille pendant l’enfance peut aussi prédire les risques d’endométriose
La même analyse des données a démontré que la taille pouvait être un indicateur des risques de souffrir d'endométriose. Les filles de 7 ans mesurant 5,2 cm de plus que la moyenne, voient les risques de souffrir de la maladie gynécologique à l’âge adulte augmentés de 9%.
En revanche, l’équipe n’a trouvé aucun lien entre la morphologie ou l’IMC pendant l’enfance et adénomyose. Le poids de naissance ne serait pas un indicateur facteur pour ces maladies gynécologiques.
Le Dr Julie Aarestrup qui a dirigé la recherche, a expliqué au Sun "Une fenêtre critique pendant laquelle la maladie se développe est souvent manquée, les femmes subissant souvent des retards de diagnostic de plusieurs années. Nos résultats suggèrent que les indicateurs de risque peuvent être détectés à un âge plus précoce. Cela pourrait aider à accélérer le diagnostic et la prise d’un traitement ralentissant la croissance du tissu endométrial."
Endométriose et taille : les œstrogènes en cause ?
Pour les auteurs, une des explications possibles de la relation entre l'endométriose et la taille serait que les deux peuvent être liées au niveau d'œstrogène. En effet, cette hormone, connue pour favoriser la croissance de la muqueuse de l'utérus, jouerait aussi un rôle dans les poussées de croissance pendant la puberté.
Par contre, ils reconnaissent que le lien observé entre l’endométriose et l’Indice de masse corporelle est plus compliqué à comprendre. En effet, des recherches précédentes avaient mis en lumière qu’un IMC élevé était lié à une plus grande production d'œstrogène. Or un IMC et un poids plus importants protégeraient de la maladie, selon l’étude danoise. Le Dr Jennifer Baker, co-auteur de l’article, reconnaît dans les pages du Guardian "C'est une association très complexe. Ce n'est peut-être pas les mêmes ressorts pour l’IMC que la taille". Toutefois, elle remarque que ses travaux “montrent vraiment que les racines de cette maladie se trouvent plus tôt dans la vie que ce que les gens pensaient auparavant”.
Endométriose : qu’est-ce que c’est ?
L’endométriose dont la journée mondiale aura lieu le 28 mars cette année, est un syndrome gynécologique complexe. Il s’agit d’un processus inflammatoire chronique causé par la présence de tissus semblables à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus. On les retrouve sur plusieurs organes : muscle utérin, ovaires, vessie, pelvis, système digestif...
Réagissant comme l'endomètre (la membrane qui tapisse l'utérus), ils provoquent ainsi de fortes douleurs au moment des règles. Les malades peuvent aussi ressentir de vives souffrances pendant les rapports intimes, en urinant, à la défécation ou encore avoir des douleurs pelviennes et lombaires. En dehors de ces douleurs chroniques : les autres symptômes sont :
- des troubles digestifs : diarrhée ou constipation ;
- des troubles urinaires : brûlure urinaire, sang dans les urines, mictions fréquentes ;
- une fatigue chronique ;
- des difficultés à tomber enceinte.
Les patients peuvent attendre très longtemps pour mettre un nom sur leur maladie. Il s’écoule actuellement entre 7 et 10 ans entre les premiers signes de la pathologie et le diagnostic.
La maladie ne peut pas être guérie pour le moment. Les professionnels peuvent seulement tenter de diminuer les souffrances des patientes. Le seul traitement disponible et recommandé actuellement pour y mettre un terme est de supprimer les règles en prenant par exemple la pilule en continu.
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Being tall and slim increases your risk of endometriosis, docs warn, The Sun, 9 mars 2020