Les Français vont bien, mais ne se surveillent pas assez
L'état de santé des Français
La loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique prévoit le suivi régulier d'un certain nombre d'objectifs et d'indicateurs. Un premier rapport sur ce point a été établi en 2006. Le ministère de la Santé vient de publier la seconde vague des résultats, dans un rapport sur "L'état de santé de la population en France".
Par rapport aux pays de niveau de vie similaire, l'état de santé des Français est globalement bon. Le taux de mortalité est plus faible et l'espérance de vie plus élevée qu'ailleurs : 84,4 ans pour les femmes et 77,5 ans pour les hommes, soit une progression respective de deux et trois ans sur les dix dernières années. Si les femmes vivent plus longtemps, elles sont en revanche plus exposées au risque de dépendance. Les personnes âgées demeurent en effet - de façon logique - le public le plus fragile en matière de santé : 70% des personnes prises en charge de manière prolongée via le dispositif des affections de longue durée (ALD) ont entre 50 et 84 ans.
Si la mortalité infantile a beaucoup diminué en cinquante ans (3,8 pour 1.000 en 2007), le constat est plus inquiétant pour la mortalité prématurée, qui concerne les décès avant 65 ans liés au tabac, à l'alcool, aux accidents de transport ou aux suicides. Ils représentent 20% de l'ensemble des décès et classent la France en dessous de la moyenne européenne. Dans un cas sur trois, ils sont liés à des comportements à risques (tabagisme, obésité...). Le nombre de ces morts "évitables" par une réduction des pratiques dangereuses est particulièrement défavorable pour les hommes qui représentent 70% des décès prématurés. Malgré tout, à âge égal, les femmes déclarent se sentir en moins bonne santé que les hommes.
Les disparités sociales et géographiques persistent. Le niveau d'étude ou la catégorie professionnelle demeurent des facteurs déterminants de différenciation. L'écart d'espérance de vie est de sept ans entre un cadre et un ouvrier. Il s'élève à trois ans pour les femmes. Malgré la couverture maladie universelle (CMU) - qui a permis des progrès incontestables -, l'accès aux soins des populations précaires demeure inégal. En 2004 et 2006, près de 15% des personnes majeures déclaraient encore y avoir renoncé par défaut de ressources financières et de mutuelle complémentaire. Cela concerne notamment les soins spécialisés, les soins bucco-dentaires et l'optique. L'incidence des morts prématurées évitables est également fonction des comportements individuels, de l'environnement socioculturel et du lieu de résidence. Les hommes habitant dans le sud de la France sont ainsi moins exposés que ceux vivant dans le nord. Beaucoup de pratiques à risque pourraient diminuer grâce à la prévention et à l'amélioration de la prise en charge.
Les habitudes nocives responsables des morts prématurées sont avant tout l'alcool et le tabac. En 2006, environ un tiers des plus de 18 ans déclare avoir une consommation d'alcool correspondant à un risque pour la santé. Si d'une manière globale, les hommes présentent trois fois plus de risques d'avoir une consommation ponctuelle ou régulière excessive, les femmes cadres présentent aussi un risque d'alcoolisation chronique important. Problème majeur de santé publique, le tabac provoque, lui aussi, un nombre élevé de cancers dont celui du poumon et des voies respiratoires, responsable de 13% des morts prématurées. Si les hommes restent les plus exposés aux maladies respiratoires, le nombre de décès féminins augmente (+105% entre 1990 et 2005). L'obésité et le surpoids sont également des facteurs aggravants et leur prévalence varie beaucoup en fonction du milieu socio-économique. Enfin, les déterminants environnementaux (qualité de l'air, de l'eau...) et les conditions de travail sont des facteurs davantage pris en compte aujourd'hui dans l'examen de l'état de santé des populations, mais ils restent encore insuffisamment explorés.
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