Hormone de croissance : le scandale en cache un autre
Hormone de croissance
Cent vingt enfants sont décédés d’une encéphalite à prion*, contaminés par l’injection d’hormone de croissance prélevée sur des cadavres humains. À l’époque on ne savait pas la fabriquer. On ne savait que l’extraire de l’hypophyse, partie du cerveau qui sécrète cette hormone. Du coup, l’Institut Pasteur participait à toute une organisation pour prélever les hypophyses et en extraire la précieuse hormone. Cette hormone est en effet précieuse car elle permet de faire grandir des enfants pénalisés par une trop petite taille.
Mais qui dit organisation, dit création d’un organisme qui a tendance à exister envers et contre tout (les organisations décrétant leur propre dissolution sont extrêmement rares…). Cette tendance rend les dirigeants moins aptes à considérer les risques de leurs pratiques. Le doute qui aurait dû être déterminant dans ce cas, n’a fait que retarder une décision essentielle. Dans tous les cas, ce sera à la justice de fixer les responsabilités de chacun.
L’hormone de croissance d’aujourd’hui est un médicament normal
Mais ce scandale ne nous rend pas lucides pour autant. Tout d’abord trop de gens croient encore aujourd’hui que l’hormone de croissance utilisée actuellement est aussi dangereuse que celle mise en cause par le procès. C’est faux. L’hormone de croissance est maintenant fabriquée par des processus de biosynthèse ne faisant plus du tout appel aux extractions d’hypophyses. Le procédé de fabrication s’apparente à celui de l’insuline dont les diabétiques bénéficient chaque jour. Il s’agit donc d’un médicament normal, avec ses propriétés et ses risques. Son principal effet secondaire est d’augmenter légèrement le risque de diabète, risque qui est particulièrement bien surveillé chez les enfants sous hormone de croissance.
Ensuite, trop d’enfants qui pourraient bénéficier de l’hormone de croissance aujourd’hui en sont privés car celle-ci est trop chère. Un traitement peut coûter entre 2000 et 3000 euros par mois, ce qui sur 2 ou 3 ans représente un coup très lourd pour la collectivité. Du coup des commissions sont mises en place pour en limiter le plus possible l’usage et le réserver aux cas les plus extrêmes.
On pourrait se dire qu’être petit n’est pas une maladie. C’est vrai, mais être trop petit est un handicap, ce qui a été démontré dans plusieurs études importantes. Cela a des répercussions sur la réussite universitaire, sur la carrière professionnelle et même sur la famille et le nombre d’enfants. Et faire référence à Napoléon ou à Sarkozy n’y change rien : les exceptions ne font pas la règle !
Alors il serait aussi important que l’on dise partout que l’hormone de croissance fabriquée aujourd’hui est un médicament sûr, et qu’il devrait être moins cher pour bénéficier à tous les enfants qui en ont besoin. Merci de faire passer le message…
* maladie de Creutzfeldt-Jacob
Source : La Croix, Libération, Le Parisien 23 novembre 2010.
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