Ibuprofène : information ou désinformation médiatique ?
Cette phrase, publiée dans un journal grand public « en cas de fièvre chez l'enfant, des médecins français déconseillent désormais l'ibuprofène. Selon certaines études, cet anti-inflammatoire pourrait provoquer des maladies cutanées, rénales et autres effets indésirables graves », a provoqué l'inquiétude chez de nombreux parents et scandalisé certains professionnels de santé.
En effet, cette vision des choses est loin d'être partagée par l'ensemble du corps médical. L'ibuprofène fait partie des cinq anti-inflammatoires non stéroïdiens* ayant démontré leur efficacité et leur sécurité dans le traitement de la fièvre et/ou de la douleur chez l'enfant de moins de 15 ans. A ce jour, il n'existe qu'une seule contre-indication, soulignée le 15 juillet dernier par l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) dans un avis recommandant de ne pas utiliser d'ibuprofène en cas de varicelle ou de suspicion de varicelle, en raison du risque rare mais grave de complications infectieuses, notamment cutanées. Ainsi, hormis les cas de complications chez les enfants atteints de varicelle, il n'y a pas de preuve formelle de la nocivité de l'ibuprofène.
Le journal « Le quotidien du médecin », rappelle dans son article sur ce sujet que « la littérature internationale a fourni depuis plus de dix ans des données particulièrement solides sur la sécurité d'utilisation de l'ibuprofène ». Notamment, nombre d'études comparant les effets du paracétamol et de l'ibuprofène ne constatent aucune différence entre les deux médicaments en ce qui concerne la toxicité et les effets antalgiques. « Actuellement, la forme pédiatrique de l'ibuprofène est disponible dans plus de 20 pays. Aux Etats-Unis, 15 millions d'enfants en moyenne sont traités chaque année depuis quinze ans par ce produit et aucun avis négatif des commissions de pharmacovigilance n'a jamais été émis. »
Quand le doute s'installe...
Il est regrettable que de simples doutes soient ainsi surmédiatisés au point d'affoler les parents. Au centre migraine de l'enfant à l'hôpital Armand-trousseau à Paris, c'est la consternation. De nombreux parents, paniqués, ont contacté le centre. Parallèlement, les enseignants, qui étaient enfin convaincus de délivrer ce médicament au début des crises migraineuses chez l'enfant à l'école, refusent désormais de le faire
* Ibuprofène, kétoprofène, acide méfénamique, acide nuflumique et acide tiaprofénique. Seul l'ibuprofène est vendu en pharmacie sans ordonnance.
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