Incontinence urinaire de la femme : se libérer de la génétique !
Incontinence urinaire, le poids des gènes
Dans le risque d’incontinence urinaire, la génétique joue un rôle important, estimé à plus d’un tiers du risque total. Toutes les études convergent vers une prédisposition génétique dans l’incontinence urinaire d’effort (sport, éternuement etc..) estimée entre 30 et 40% (1).
Dr Brigitte Fatton, gynécologue obstétricien, spécialisée en uro-gynécologie au CHU de Nîmes : « La génétique compterait pour environ 34% dans l’incontinence d’effort et pour 37% dans l’incontinence "par urgenturie" (envies pressantes d’uriner). Les facteurs génétiques en cause dans ces fuites urinaires se rapportent essentiellement à la qualité du collagène présent dans le tissu conjonctif (peau, tendons, ligaments, parois des organes et des vaisseaux sanguins) mais aussi à celle des cellules des fibres musculaires ».
Le rôle délétère d’un collagène insuffisant ou de mauvaise qualité a été mis en évidence récemment. Par exemple, chez les femmes souffrant de prolapsus ("descente d'organe") génital, une diminution du nombre de certaines fibres de collagène (de type III) a été constatée et pourrait expliquer une moindre résistance des tissus aux forces d’hyperpression (pression intra-abdominale importante). D’autres travaux ont été menés chez des femmes atteintes de syndromes où existent ces anomalies du collagène et qui ont un risque d’incontinence urinaire ou de prolapsus élevé comparé à la population générale. Dans le syndrome d'Ehlers-Danlos notamment, un ensemble de maladies génétiques caractérisées par une anomalie des tissus de soutien avec une hyperlaxité (élasticité excessive) des articulations et une peau très élastique, les chercheurs ont retrouvé une anomalie de la synthèse de collagène. Dans le syndrome de Marfan - maladie du tissu conjonctif- des mutations d’un gène (nommé FBN1 qui code pour la fibrilline-1, une autre protéine comme le collagène essentielle du tissu conjonctif) ont été identifiées.
De même, les femmes ayant une hyperlaxité articulaire sont plus exposées au prolapsus génital, ce qui plaide pour l’implication d’anomalies du tissu conjonctif dans les troubles de la statique pelvienne (configuration normale de l'anatomie du petit bassin et du périnée).
A quand un dépistage génétique de l’incontinence urinaire ?
Ces facteurs génétiques sont désormais connus mais il est encore impossible de désigner précisément les gènes impliqués (2).
L’intérêt de ces recherches génétiques en cours serait de pouvoir dépister les femmes ayant un risque plus important de fuites urinaires et/ou de prolapsus en vue d’affiner une stratégie de prévention primaire (avant que ne surviennent l’incontinence urinaire ou le prolapsus génito-urinaire) ou secondaire, vis-à-vis des facteurs acquis (environnementaux comme l’obésité, l’accouchement etc.).
Dr Fatton : « Peut-on imaginer dans le futur privilégier certaines orientations professionnelles ou sportives ou influencer le suivi d’une grossesse, le déroulé d’un accouchement ou les techniques chirurgicales de réparation de l’incontinence urinaire sur des arguments de dépistage génétique ? Pourquoi pas, mais nous n’en sommes qu’aux balbutiements ».
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D’après un entretien avec Dr Brigitte Fatton, gynécologue obstétricien, spécialisée en uro-gynécologie au CHU de Nîmes.