Les polluants éternels associés à un risque accru de cancer de la thyroïde
Les PFAS (per- et polyfluoroalkyles) sont partout : dans les ustensiles de cuisine antiadhésifs, dans les vêtements déperlants, les tissus antitaches, papiers d’emballages alimentaires et d'autres produits qui résistent à la graisse, à l'eau et à l'huile. Ces substances présentes dans les produits de consommation du quotidien (il y en aurait aussi dans les culottes menstruelles), mais peu connues du grand public, sont appelées communément "polluants éternels". Un nom qu’ils doivent à leur persistance et à leur résistance : ils ne se dégradent pas facilement dans l’environnement. Mais aussi à leur caractère mobile : cette catégorie complexe de produits chimiques synthétiques peut migrer dans le sol, l'eau et l'air.
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En France, de nombreuses nappes phréatiques seraient contaminées par ces composants chimiques notamment dans la Seine, la Meuse, le Nord, la Bretagne ou encore la Côte méditerranéenne, selon le site Vie publique. Plus largement, la contamination aux PFAS se produit par l’eau, les aliments consommés et l’air respiré.
PFAS : le spectre d’une crise sanitaire
Alors que ces composés chimiques ont fait encore peu d’objet de travaux scientifiques, leur impact sanitaire suscite de plus en plus l’inquiétude d’institutions européennes, nationales et internationales, comme l’Agence américaine de protection de l’environnement, face au spectre de crise sanitaire lié à la contamination par ces substances.
En septembre 2023, le Parlement européen a plaidé pour que les PFAS soient ajoutés aux listes de polluants des eaux souterraines et des eaux de surface.
Des recherches antérieures ont suggéré des méfaits "suspectés, voire avérés"sur la santé humaine liés à l’exposition à ces PFAS : diabète, obésité, cancers, perturbateurs endocriniens, trouble de la fertilité, ménopause précoce…
Cancer de la thyroïde et les PFAS : un lien inquiétant
Une nouvelle étude parue le 24 octobre 2023 dans la revue eBioMedicine devrait conforter les arguments des partisans de l’élimination des PFAS de l’environnement. Les chercheurs du Mount Sinai ont découvert un lien entre certaines substances per- et polyfluoroalkyles (PFAS) et un risque accru de cancer de la thyroïde. Cette étude est la première à établir un tel lien.
Pour leurs travaux, les chercheurs ont étudié les associations entre les niveaux de PFAS dans le plasma et le diagnostic de cancer de la thyroïde. L’analyse a porté sur un groupe de 88 patients atteints d'un cancer de la thyroïde dont les échantillons de plasma avaient été prélevés au moment du diagnostic du cancer ou avant celui-ci, ainsi que sur un groupe témoin de 88 autres volontaires non atteints de cancer.
Les niveaux de huit PFAS ont été mesurés dans les échantillons de sang des participants puis comparés entre les deux groupes.
Polluants éternels : des effets sur le cancer de la thyroïde à creuser
Principal enseignement : l'exposition à l'acide perfluorooctanesulfonique (un sous-groupe de PFAS) augmentait de 56 % le risque de diagnostic de cancer de la thyroïde.
"Compte tenu de l'augmentation substantielle du nombre de cancers de la thyroïde dans le monde au cours des dernières décennies, nous avons voulu étudier les facteurs environnementaux susceptibles d'être à l'origine de cette augmentation, justifie Maaike van Gerwen, co-auteur de la correspondance, professeur adjoint et directeur de la recherche au département d'oto-rhino-laryngologie - chirurgie de la tête et du cou de l'Icahn School of Medicine au Mount Sinai. Cela nous a conduits à la conclusion que les PFAS, des "produits chimiques à vie", peuvent au moins partiellement expliquer l'augmentation du cancer de la thyroïde".
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