Lombalgies : sus aux idées reçues !
Une affaire de disques intervertébraux
Au fil des dernières décennies, les maux de dos ont livré pas mal de leurs secrets et les coupables ont été correctement identifiés. Le plus souvent, il s'agit des disques intervertébraux qui jouent le rôle d’amortisseurs et de stabilisateurs entre les osselets qui constituent la colonne vertébrale. En bon état, ceux-ci sont composés à 90% d'eau. Avec le temps, il leur arrive de se dessécher, ce qui les rend plus minces et fragiles. Parfois même, ils se déchirent. La douleur apparaît lorsque la partie arrière du disque, la plus innervée, est atteinte. Pour atténuer cette douleur, il faut bien sûr tenter de diminuer les pressions sur la colonne. Mais comment faire ?
Mieux mesurer la pression sur les disques intervertébraux ?
Longtemps, on a préconisé le repos. Plus tard, on a encouragé les sports portés comme le vélo et la natation. "Dans les limites de la douleur" disait-on classiquement. On conseillait aussi de rester debout ou couché, mais surtout pas assis, puisque cette position était considérée comme celle qui générait le plus de pressions.
On recommandait aussi de dormir sur un lit dur et de s'asseoir sur un siège sans dossier ou mieux encore sur une chaise suédoise.
Quant à courir, il n'en était pas question. On pensait que l'impact à chaque foulée comprimerait le disque et accélérerait le processus de dégradation.
Tous ces préceptes avaient été établis sur base d'études datant des années 60. Il y a une douzaine d'années, le professeur allemand Hans-Joachim Wilke (Université d'Ulm - Allemagne) a donc voulu reproduire les anciennes expériences en procédant à son tour à un relevé des pressions par le biais de micro-capteurs (diamètre = 2 millimètres) implantés directement au niveau du noyau du disque lombaire chez un patient qui devait ensuite mener une vie tout à fait normal.
Les résultats confirmèrent ses soupçons. Ainsi la pression oscille aux alentours de 0,1 MegaPascal (MPa) en position couchée que ce soit sur le dos, sur le ventre, sur le côté, dans un lit dur ou sur un matelas mou. Cela ne change rien. En position assise, la pression grimpe à 0,55 MPa si l'on se tient bien droit pour baisser à 0,45 MPa lorsqu'on prend appui sur le dossier.
Le contraire de ce que l'on croyait !
Debout, elle s'élève à 0,6 MPa et jusqu'à 1,1 MPa si l’on se penche en avant. Si le sujet se met à marcher en revanche, elle redescend et oscille entre 0,53 et 0,65 MPa. Lorsqu'il court, elle varie entre 0,35 à 0,85. Il n'y a donc aucune raison valable pour arrêter complètement de bouger si vous souffrez des lombaires. Qu'on se le dise !
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Le Docteur Daulouède exerce à Bordeaux depuis plus de trente ans. Il est spécialisé en physiologie du sport. Il a entre autres fonctions été médecin des Equipes de France de Rugby. Auteur de plusieurs ouvrages et collaborateur régulier au magazine Sport et Vie dans lequel il signe la rubrique Mash (Blessures du sport).