Maladie du sang : la thérapie génique a soigné des cas de bêta-thalassémie
Depuis leur naissance, ils étaient condamnés à recevoir une transfusion de sang tous les mois. En cause, une maladie génétique rare, la bêta-thalassémie. Grâce à la médecine, ils sont parvenus à s'en libérer. C'est ce que rapportent, ce 19 avril, des scientifiques du monde entier dans le prestigieux New England Journal of Medicine.
Ces équipes, dont font partie des chercheurs et chercheuses de l'Inserm, se sont associés pour mettre au point une technique de thérapie génique. Les tests ont été réalisés sur 22 patient.e.s de plusieurs pays.
"Réparer" les cellules du sang
L'objectif de cette nouvelle technique : améliorer la qualité de l'hémoglobine produite par ces malades. Dans les formes les plus sévères de bêta-thalassémie (60 à 80 % des cas, le manque de globules rouges et d'hémoglobine menace la survie et provoque de nombreux symptômes handicapants. Ce sont justement ces malades qui ont participé aux recherches.
Contre les formes sévères, seules deux solutions existent aujourd'hui. La plus fréquente est le recours à des transfusions sanguines régulières, afin de remplacer le sang carencé. L'autre consiste à réaliser une greffe de cellules de moelle osseuse, prélevées sur un donneur compatible de la fratrie.
Mais ces traitements ne guérissent pas la maladie et n'empêchent pas non plus l'accumulation de fer dans les organes. La thérapie génique constitue donc un espoir majeur pour les 300 000 malades dans le monde.
Dans le cadre de cet essai clinique, les scientifiques ont prélevé les cellules souches sanguines de chaque volontaire – appelées progéniteurs hématopoïétiques CD34+. Elles ont été modifiées à l'aide de la technique mise au point pour l'occasion (LentiGlobin BB305). Celle-ci permet d'introduire un gène sain à la place de celui qui souffrait d'une mutation.
La fin des transfusions
Une fois ces cellules souches "réparées", elles sont réinjectées chez le patient ou la patiente après une phase de préparation, qui consiste à détruire la moelle malade à l'aide d'une chimiothérapie.
Et la thérapie génique est un succès, au vu des résultats présentés. La quantité d'hémoglobine produite était satisfaisante dans la plupart des cas. 15 volontaires ont donc pu se passer de transfusions sanguines.
Après 15 à 42 mois de surveillance, certaines personnes ont pu reprendre une vie normale, y compris une activité scolaire ou professionnelle. "Je ne prends qu'un traitement par voie orale, qui est un antibiotique, car on m'avait enlevé la rate", témoigne une participante de 24 ans.
Eviter les réactions adverses
La thérapie génique présente deux avantages, lorsqu'elle réussit : en plus de corriger le défaut génétique à l'origine de la maladie, elle évite ce qu'on appelle la "réaction du greffon contre l'hôte" – qui survient dans 35 à 50 % des greffes de cellules souches hématopoïétiques.
Ce trouble se produit quand les cellules du donneur attaquent celles de l'hôte, provoquant des atteintes au niveau de la peau, du foie et des voies digestives. Des formes chroniques peuvent alors se développer.
Grâce à ces bons résultats, les scientifiques ont lancé un essai clinique de phase 3 dans plusieurs pays. Il s'agit de la phase finale de la recherche clinique. Si, là encore, les conclusions sont positives, cette stratégie pourrait être officiellement autorisée dans le traitement de la bêta-thalassémie.
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La bêta-thalassémie, fiche du portail Orphanet, consulté le 19 avril 2018
Maladie du greffon contre l'hôte, fiche du portail Orphanet, consulté le 19 avril 2018